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un rayon solaire ou, en général, dans celui d’une source lumineuse quelconque, d’autres radiations ondulatoires. Nous ne les voyons plus de nos yeux de chair, mais elles sont sensibles à ces yeux instrumentaux que la physique a inventés pour guider au delà des sens nos organes infirmes, nous montrer l’invisible et nous faire toucher l’impalpable.

En deçà des rayons rouges extrêmes, il y a les rayons de l’infra-rouge, dont les plus récemment découverts et les plus lents vibrent environ 900 fois moins vite que les rayons violets extrêmes, c’est-à-dire sont à près de dix octaves au-dessous. Nous parlerons quelque jour de ces rayons, étranges par leurs propriétés calorifiques et électriques et dont le rôle est si important en météorologie. Nous dirons leurs affinités avec les ondes hertziennes dont quelques octaves seulement les séparent. Leur importance philosophique est grande : en élargissant très loin le ruban spectral que nos yeux nous montraient si petit, ils prouvent une fois de plus que l’échelle de nos sensations est un étalon bien mesquin et bien disproportionné à l’étendue du réel ; et nous ne parlons que du réel immédiatement ambiant. En outre, ils sont le trait d’union définitif qui ne fait plus qu’une, de ces deax choses naguère encore étrangères l’une à l’autre : la lumière et l’électricité. Mais l’objet de cette chronique nous oblige à laisser de côté aujourd’hui ces passionnantes questions. À l’autre bout du pont lumineux que le spectre visuel a jeté sur la mer ondulante et immense des radiations, l’ultra-violet nous promet des trouvailles non moins attachantes.


COMMENT ON A DÉCOUVERT L’ULTRA-VIOLET

Nous avons défini les diverses radiations lumineuses par la fréquence de leurs ondes. Il est souvent plus commode de les définir par la longueur de ces ondes, ou, comme on dit, par leurs longueurs d’onde. Étant donné que toutes ces radiations franchissent en une seconde un même espace égal à 300 000 kilomètres, il suffit de diviser celui-ci par le nombre des ondes produites chaque seconde, c’est-à-dire par la fréquence, pour avoir la longueur d’une onde. On trouve ainsi que la longueur d’onde de la lumière rouge extrême est égale à environ 8 dix-millièmes de millimètre, c’est-à-dire à 0,8 micron. Le micron que l’on représente par le symbole μ est, rappelons-le, égal à un millième de millimètre. La longueur d’onde du violet extrême est égale à environ 0,4 μ, et celle du milieu du spectre qui correspond à la cou-