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Les résultats désirables ne s'obtiendront pas en un jour; ce n'est donc que peu à peu qu'il nous sera possible de faire disparaître notre infériorité actuelle. Mais, outre les mesures à prendre pour les dirigeables, il y a autre chose à faire. Les dirigeables n'ont plus, sur les aéroplanes, qu'une seule supériorité, c'est celle de la capacité de transport, ou du rayon d'action, ce qui est la même chose; par suite des progrès qui seront nécessairement plus rapides pour les avions, cet avantage ira en s'atténuant, et finira par disparaître. Nous avons tout intérêt à hâter ce moment, et, à cet effet, à pousser la construction des aéroplanes de poids lourds, et par conséquent de grande capacité de transport.

Notre aéronautique militaire a fait, dans ce sens, un effort très sérieux. Il y a deux ans, un concours a été institué, pour obtenir des aéroplanes capables d'emporter trois voyageurs, avec un poids utile de 300 kilogrammes, et un rayon d'action de 300 kilomètres. Ce concours, qui s'est terminé en novembre 1911, a permis d'atteindre le résultat désiré. Je regrette qu'on n'ait pas persévéré dans cette voie, car, si on l'avait fait, nous posséderions aujourd'hui l'avion portant 400 kilogrammes de poids utile, et capable de parcourir d'une traite 400 kilomètres ; et, après être passé du type de 300 au type de 400, nous serions bien près d'avoir celui de 500. En continuant ainsi, on pourrait espérer que, dans quelques années, les aéroplanes seraient à même de prendre partout, ou à peu près, la place des dirigeables. Je regrette que le concours militaire de 1911 n'ait pas eu de lendemain. À vrai dire, je ne tiens pas essentiellement à la formule de ce concours, ou à toute autre analogue ; le procédé importe peu. Ce qui présente, au contraire, un intérêt capital, c'est le résultat à obtenir : à savoir la construction d'aéroplanes dont le rayon d'action aille constamment en progressant, de manière à réduire peu à peu le rôle des dirigeables jusqu'à le supprimer complètement. Si l'on marchait résolument dans cette voie, je ne désespérerais pas de voir atteindre ce but avant que notre flotte de dirigeables soit devenue supérieure à celle de l'Allemagne.

Quelle que soit la solution de l'avenir en ce qui concerne les puissantes unités de notre flotte aérienne, nous sommes, sous le rapport des appareils à puissance restreinte, dans une excellente posture. Il est de mode, aujourd'hui, de crier sur tous les