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VII

Il ne faut donc pas nous décourager. Si je me suis étendu un peu longuement sur le Fleurus, c’est que, à mon avis, cet appareil est une preuve manifeste de la haute capacité de nos ingénieurs aéronautes, et la démonstration péremptoire que notre infériorité actuelle sous le rapport des dirigeables n’est pas le résultat de notre incompétence ; elle tient uniquement, et on ne saurait trop le répéter, à l’absence de ligne de conduite rationnellement tracée et patiemment suivie.

La construction de cet intéressant dirigeable n’est d’ailleurs pas le seul effort que notre aéronautique militaire ait fait récemment dans la voie du plus léger que l’air. Des hangars ont été construits dans difl’érens points, et notamment à Maubeuge et dans les grandes places de notre frontière de l’Est, Verdun, Toul, Épinal et Belfort. Ces hangars ont été pour la plupart établis de manière à loger deux dirigeables simultanément.) Quand on en a fait les projets, on a tablé sur les dimensions des dirigeables à ce moment, c’est-à-dire sur des éclaireurs de 3 à 4 000 mètres cubes, et des croiseurs de 8 à 10 000, et on a, par prudence, forcé les dimensions, de manière à pouvoir y loger de plus grosses unités. Malgré tout, ces hangars seront peut-être insuffisans pour les futurs dreadnoughts aériens, mais on a prévu la possibilité de les allonger.

D’autre part, il ne servirait à rien d’avoir des dirigeables sans appareils à fabriquer l’hydrogène, et sans produits chimiques pour les alimenter. Ces appareils existent, les approvisionnemens de réactifs sont constitués déjà sur une large base, et on les augmente chaque jour. Ici, nous nous trouvions en présence d’une difficulté sérieuse. C’est un lieu commun de dire qu’en Allemagne l’industrie chimique est beaucoup plus développée qu’en France ; aussi, nos voisins trouvent-ils sans peine à se procurer dans leur pays les produits nécessaires à la fabrication de l’hydrogène. Il n’en est pas de même chez nous, et pour certains réactifs nous étions, il y a quelques années, tributaires de l’Allemagne. Au point de vue militaire, c’était une situation inadmissible ; on a fait de grands efforts pour en sortir, et on y est parvenu. Je crois inutile de dire par quels procédés, mais c’est un résultat acquis, et, en cas de guerre, nous