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que le moteur qu’on pourra embarquer à bord du ballon de 20 mètres de diamètre sera, non pas quatre fois, mais huit fois plus puissant que celui du ballon de 10 mètres. Ainsi le gros dirigeable, qui présentera quatre fois plus de résistance que le petit, aura huit fois plus de puissance motrice ; il sera donc dans de meilleures conditions et obtiendra une plus grande vitesse.

Ces faits sont connus depuis longtemps, et ce ne sont pas les Allemands qui les ont inventés. Dès 1852, Henri Giffard, qui ne disposait à cette époque lointaine que de moteurs extrêmement lourds, déclarait qu’ils seraient suffisans pour réaliser la direction des aérostats, à la condition de donner à ceux-ci des dimensions considérables. Soixante-dix ans plus tôt, en 1784, l’année même qui suivit l’invention des frères Montgolfier, un éminent savant français, le général Meunier, concevait le projet d’un dirigeable à hélices actionnées simplement à bras d’hommes ; mais il avait soin, en vertu du principe énoncé plus haut, de prévoir pour cet appareil des dimensions gigantesques.

Il y a donc quelque chose comme cent trente ans que l’on connaît les avantages des gros dirigeables par rapport aux petits ; mais, tout en étant bien convaincus de cette vérité, les techniciens français se sont ingéniés à faire tout au monde pour éviter les dimensions exagérées, qui ont pour effet d’augmenter le prix de revient, l’encombrement, les difficultés de manœuvre, comme nous l’avons déjà signalé plusieurs fois au cours de cette étude. Pour y arriver, on a cherché à améliorer les moteurs, les hélices, à affiner les formes des carènes, en un mot à perfectionner tous les élémens dont l’ensemble constitue un aéronef, et par ce moyen on est arrivé à des résultats satisfaisans sans tomber dans les inconvéniens des dimensions exagérées, ou au moins en réduisant ces inconvéniens au minimum.

C’est ainsi que ce petit dirigeable le Fleiirus, qui ne cube pas le tiers d’un Zeppelin normal, présente des qualités tout à fait remarquables. Un dirigeable de 20 000 mètres cubes, construit d’après les mêmes principes, serait certainement, et à tous égards, supérieur aux rigides d’outre-Rhin. Le jour, qui, je l’espère, n’est pas éloigné, où nous posséderons une flotte d’aéronefs de ce genre, notre infériorité sera bien près de disparaître.)