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on ne vit rien venir, et on apprit qu'il lui était arrivé une mésaventure fort simple et fort grave, c'est que le poids de sa carcasse avait, de beaucoup, dépassé les prévisions et que l'aéronef n'avait pas pu s'enlever. Il fallut augmenter son volume, et, à cet effet, lui ajouter un certain nombre de tranches. Ce travail demanda plusieurs mois ; il est actuellement terminé. Le Spiess a pu cette fois s'enlever à une faible hauteur, exécuter quelques randonnées. Jusqu'à présent, il ne paraît pas posséder des qualités bien brillantes; mais attendons la fin.

Pendant ce temps, un dirigeable souple, construit en France, à l'Etablissement du matériel aéronautique militaire de Chalais, procédait à ses essais. Contrairement à ce qui arrive d'habitude en matière aéronautique, le Fleurus ne réservait à ses constructeurs que des surprises agréables.

Sa force ascensionnelle dépassait les prévisions, si bien qu'au lieu d'embarquer 6 personnes à bord, on en a enlevé jusqu'à 43, et pourtant on avait un approvisionnement de combustible de plus de vingt heures, ce qui correspond à un rayon d'action énorme.

Sa vitesse ne fut que de 50 et quelques kilomètres, c'est-à-dire notablement inférieure à celle des Zeppelin et de certains dirigeables italiens. Mais il convient de remarquer qu'il s'agit là d'un ballon de 6 à 7 000 mètres cubes seulement, qu'on ne saurait légitimement comparer à des léviathans de 20 000. D'ailleurs, s'il n'a pas réalisé une vitesse plus grande, c'est uniquement parce qu'on ne comptait disposer pour le moteur que d'un poids limité. Or, la force ascensionnelle ayant dépassé les prévisions, il va être facile de substituer au premier moteur un moteur plus puissant, et d'augmenter ainsi notablement la vitesse.

De plus, avec le moteur actuel, on a pu constater que les hélices du Fleurus construites sur les indications du commasdant Dorand sont certainement les meilleures hélices aériennes qui aient jamais été construites jusqu'ici. On a reconnu également que, parmi tous les dirigeables connus, c'est lui qui, proportionnellement à ses dimensions, présente le moins de résistance à l'avancement à travers l'atmosphère, si bien qu'à puissance motrice égale, il doit avoir une vitesse supérieure à tous les dirigeables de même volume. Ceci n'est pas de la pure hypothèse, c'est une conséquence mathématique des mesures de