Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 17.djvu/399

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que la prétendue sécurité des dirigeables rigides est complètement illusoire, et je reste partisan des souples.

Les rigides présentent d'ailleurs un inconvénient, d'un ordre secondaire, mais néanmoins très réel. Les adversaires des dirigeables, ceux qui voudraient constituer notre flotte aérienne exclusivement en aéroplanes, ont pour principaux argumens le prix élevé, l'encombrement, les difficultés de manœuvre à terre des dirigeables. Nous avons vu que, avec les progrès de l'aviation, les aéroplanes voyant s'accroître peu à peu leur capacité de transport, et par suite leur rayon d'action, on est amené à employer des dirigeables d'un volume croissant ; cette nécessité a pour conséquence inévitable d'exagérer les inconvéniens réels des aéronefs plus légers que l'air. Des appareils de 20 000 mètres cubes coûtent plus cher que ceux de 10 000 ; ils exigent des hangars plus vastes, et nécessitent pour leur manœuvre des troupes plus nombreuses. Peut-être même, avant que les aéroplanes possèdent toutes les qualités militaires désirables, viendra-t-il un moment où les dirigeables de guerre deviendront si gros, et par suite si coûteux et si encombrans, qu'on pourra se demander si les services qu'ils peuvent rendre seront en rapport avec leurs exigences de toutes natures. Or, pour une même capacité de transport, comme un rigide est d'un volume égal à environ une fois et demie celui d'un souple équivalent, tous ces inconvéniens sont exagérés dans la proportion de 2 à 3 ; où l'on dépense un million, il faudra dépenser un million et demi ; les hangars seront plus volumineux, et pour la manœuvre à terre, au lieu de 100 hommes, il en faudra 150.

Ce n'est pas tout. Il y a des circonstances où les élémens sont les plus forts, et où un ballon, loin de son hangar, sera le jouet de l'ouragan, et risquera d'être enlevé ou détruit par la tempête, cette catastrophe matérielle pouvant même être accompagnée de nombreux accidens graves dans le personnel employé à la manœuvre. Lorsque de semblables circonstances se présentent avec les dirigeables souples, on a un moyen radical de mettre fin à cette dangereuse situation, c'est de dégonfler le ballon, et tous les dirigeables de ce type sont munis, aujourd'hui, de dispositifs de déchirure, permettant un dégonflement presque instantané. C'est une perte matérielle ; le gaz, dont le prix est de plusieurs milliers de francs, va se répandre dans la