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lons tout gonflés des étapes avec la même vitesse que l’infanterie, et cela malgré la gêne apportée par les arbres bordant les routes, les lignes télégraphiques, les ponts de chemins de fer, et les autres obstacles qu’on avait à franchir. Nous aurions eu en eux des ressources admirables pour manœuvrer nos dirigeables ; malheureusement, là encore, on s’est laissé hypnotiser par les progrès de l’aviation. Il fallait des troupes pour la manœuvre à terre des aéroplanes ; on y a affecté les aérostiers, qui, peu à peu, ont désappris leur ancien métier, et aujourd’hui, je ne crois pas que nous possédions une seule compagnie connaissant à fond la manœuvre des ballons.

Cette situation ne date pas d’hier, et la perte du dirigeable Patrie, enlevé à Verdun par un ouragan il y a quelques années, est certainement imputable à l’inexpérience d’aérostiers improvisés. C’est une lacune à combler, mais il sera facile de le faire ; en quelques mois, nous pouvons dresser de bonnes troupes d’aérostiers, car nous possédons encore la plus grande partie des cadres des anciennes compagnies, et, si les traditions ont été fâcheusement interrompues, rien n’est plus simple que de les renouer.

Qu’il s’agisse de personnel ou de matériel, nous portons aujourd’hui la peine des erreurs commises. Pour améliorer la situation, il faut des efforts longs et perse vérans ; espérons que nous saurons déployer l’énergie et la patience nécessaires.

IV

Comment doit-on constituer notre flotte de dirigeables ? Il y a un point que personne ne discute plus, aujourd’hui, dans les milieux compétens, c’est la nécessité des gros volumes. 15 000 mètres cubes sont considérés comme un minimum, et on est d’accord pour se fixer aux environs de 20 000. C’est grâce à cela que nous aurons un rayon d’action suffisant, que nous pourrons nous maintenir, — non pas pour quelques instans, grâce à un effort momentané, mais d’une manière permanente, — à une hauteur suffisante pour échapper au tir ennemi. C’est également par ce moyen que nous pourrons protéger par des blindages sinon l’appareil entier, du moins l’équipage et les œuvres vives contre les petits projectiles, que nous pourrons