la colline comme un chemin de montagne, de la longueur de la maison, de la largeur de quatre pas. Ce jardinet, la maison l’emprisonne d’un côté : de l’autre, la colline abrupte. Il est sombre, enfermé, humide. Il a pourtant de petits arbres, une allée, des fleurs, et de gros buis, aux troncs noueux, que Joubert a connus.
Ce n’est pas un jardin joyeux où pût beaucoup se démener une allégresse enfantine. Je me figure la maison un peu austère.
Les registres du temps signalent des payemens faits à des collègues de Jean Joubert pour leurs fournitures : et je crois qu’il s’agit des médicamens qu’ils avaient préparés. Un registre signale aussi l’attestation qui fut demandée à un maître-chirurgien, touchant la démence d’un pauvre diable que le district de Montignac faisait enfermer[1]. Une autre fois, des épidémies s’étant produites dans la paroisse de Châlus, on consulte les « chirurgiens » sur l’origine, peut-être paludéenne, du fléau[2]. Ainsi, les fonctions du maître-chirurgien avaient leur importance, et leur responsabilité d’où résulte la considération.
Les Joubert, sans être riches, possédaient cependant quelque chose[3]. Leur famille était ancienne le pays. Jean Joubert devait gagner honnêtement sa vie. Mais les enfans arrivèrent, très vite et nombreux : il y en eut treize.
Jean Joubert avait épousé Marie-Anne Gontier, le 14 juin 1752. Le 26 avril 1753, naquit une Catherine. Joseph est le deuxième. Un frère lui survint le 28 août 1756 : on l’appela Joseph encore ; mais il prit ensuite le surnom de Beauregard, nom d’un village de là-bas où probablement il fut en nourrice. Le 6 décembre 1757, naquit Marie Joubert ; et, le 22 mai 1759, Louise Joubert. Le 27 mai 1761, « autre » Catherine ; mais elle ne vécut pas. Et, le 9 avril 1762, un garçon, Elle. De 1763 à 1766, quatre fils, un troisième Joseph, un Bernard, un quatrième Joseph, un Jacques : ils vécurent seulement quelques jours ou quelques semaines. Enfin deux enfans, qui accomplirent leur destinée : Arnaud, dit Joubert-Laffond (du nom, je crois, de son parrain), né le 2 décembre 1767 ; et une seconde Marie, née le 8 novembre 1769.
Les treize enfans s’échelonnent, presque d’année en année,