Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 16.djvu/951

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La quinzaine qui s’achève a été marquée par deux dénouemens, dont l’un a une grande importance pour nous, et l’autre pour l’Europe entière : le vote de la loi militaire et la signature, à Bucarest, de la paix balkanique. Le premier a permis aux Chambres de partir pour des vacances qu’elles auraient certainement bien gagnées si on en jugeait seulement par la longueur de leur session : il faut espérer que le second assurera, au moins pendant quelques années, un peu de repos aux Balkans. Tout le monde en a besoin, après les agitations et les émotions de ces dix derniers mois. On y a vu finir, dans un écroulement tragique, l’empire turc en Europe et commencer à se former des combinaisons nouvelles dont l’avenir échappe aux prévisions. Plusieurs Puissances y ont aperçu pour elles des dangers inopinés et se sont mises et se sont efforcées de se mettre en mesure d’y faire face. Il est trop tôt pour porter sur ces grands évènemens un jugement définitif, et sans doute même on ne pourra pas le faire avant longtemps : nous voyons les faits, les conséquences lointaines nous échappent.

Lorsque l’Allemagne a pris et aussitôt exécuté la résolution d’augmenter sa force offensive dans une proportion formidable, il semble bien que sa principale préoccupation lui était surtout inspirée par la nouvelle situation de l’Orient et le déséquilibre qui en résultait dans les forces respectives des Puissances. Évidemment, elle pouvait moins compter, dans certaines éventualités, sur le concours Utile de ses alliés. Mais, quel qu’en ait été le motif initial, ses armemens constituaient pour nous un danger, et notre gouvernement aurait manqué à tous ses devoirs si, après avoir éclairé le pays sur des réalités aussi inquiétantes, il ne lui avait pas demandé de faire un grand effort pour en