Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 16.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

-merie, police, magistrature. Ils engagent leurs camarades à la lutte par tous les moyens, à la révolte individuelle, au refus de service isolé ou collectif, à la désobéissance passive et active et à la grève militaire. Ils expriment l’espoir que tous les peuples intéressés répondront à toute déclaration de guerre par l’insurrection. » Retenez ces formules anarchistes, maintes fois répétées depuis lors : ce sont les termes mêmes qu’emploiera la C. G. T.

Ce programme est celui de toutes les organisations anarchistes qui ont été énumérées plus haut. L’Association internationale antimilitariste, sa continuatrice la Fédération Communiste révolutionnaire, l’Hervéisme dans sa période anarchiste, le Comité de Défense sociale et celui des Libérés des Bagnes militaires, sont d’accord. L’association internationale antimilitariste prend pour devise : « Pas un homme, pas un centime pour le militarisme. » Elle ajoute : « A l’ordre de mobilisation vous répondrez par la grève immédiate et par l’insurrection (7 octobre 1905) » : Ou encore : « Crosse en l’air et rompez les rangs (23 avril 1907) ! » Et enfin : « Désertez (septembre 1907) ! » avec cette précision supplémentaire : « Au lieu de rendre les armes, vous vous servirez de vos cartouches contre les assassins qui vous gouvernent et vous les fusillerez sans pitié (12 mai 1908). »

M. Hervé, dans la Guerre Sociale du 16 mai 1907, se sert des mêmes mots au service des mêmes idées : « Nous ne donnerons pas un centimètre carré de notre peau pour défendre les patries marâtres, y compris la France républicaine. » Pendant plusieurs années, la Guerre Sociale développera cette pensée. Tout le monde, au camp anarchiste, est donc à l’unisson : insurrection en cas de guerre ; sabotage de la mobilisation, voilà la doctrine du parti.

Les anarchistes ne s’en tiennent pas d’ailleurs aux idées générales et précisent les mesures qu’il leur paraît opportun de prendre, le jour où, la patrie étant menacée, l’occasion se présenterait d’opter pour ou contre. Le 18 octobre 1911, l’un d’eux, dans une réunion tenus à la Maison des Syndiqués de la rue Cambronne, s’exprime ainsi : « Au premier jour de la mobilisation, une dizaine de camarades consciens, comme il s’en trouve certainement dans chaque régiment, sortent en ville porteurs d’un pli quelconque à l’adresse d’un officier supérieur