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qui la composent et qui ont la majorité dans la commission administrative, elle demeure maîtresse de cette commission. Retenons aussi que, de 1904 à 1908, les bureaux de l’Association internationale antimilitariste, fondée par l’anarchiste Almereyda, ont été installés dans l’immeuble de la C. G. T. avec, pour secrétaire, l’anarchiste syndicaliste Yvetot, puis M. Delpech, secrétaire de l’Union syndicaliste de la Seine ; que les journaux Humanité, — Bataille Syndicaliste, — Voix du Peuple, — Guerre Sociale recueillent indifféremment les documens des organisations anarchistes et syndicalistes ; que, dans chacun d’eux, il y a des anarchistes et des syndicalistes inscrits d’ordinaire aux deux organisations : on concevra que ce n’est plus aujourd’hui « unité ouvrière » qu’il faut dire, mais « unité anarchiste. »

Les anarchistes, menant à bien leur plan de 1895, sont à la tête du mouvement ouvrier et, par suite aussi, du socialisme parlementaire asservi aux syndicats. Les hommes de l’action directe, frappés par les lois de 1894, se sont barricadés dans la loi de 1884. La Confédération Générale du Travail, réunissant les Fédérations de métiers et les Bourses du travail, est leur principal instrument. Ces groupemens socialistes, syndicalistes, anarchistes de toutes nuances, avec leurs antennes combatives (Jeunes gardes, Jeunesses, etc.), sont en communication constante et se pénètrent réciproquement. Depuis le Congrès de Bourges, l’action révolutionnaire est leur but commun et avoué. Comment définissent-ils ce but ?


II. — LA DOCTRINE


A tout seigneur, tout honneur : voilà les anarchistes au cœur de la place, maîtres des syndicats et de la G. G. T.. Quelle est, sur la patrie, la doctrine anarchiste ?

Cette doctrine, on la connaît et elle se retrouve identique dans les diverses écoles libertaires divisées sur d’autres sujets. Au Congrès d’Amsterdam de 1907, — celui-là même où fut exposé en détail le plan de conquête des organisations ouvrières, — cette doctrine a été résumée par un des délégués français, M. de Marmande : « Les anarchistes, disait-il, voulant la délivrance intégrale de l’humanité et la liberté complète des individus, sont naturellement et essentiellement les ennemis déclarés de toute force armée entre les mains de l’État, armée, gendar-