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il s’agit de faire passer dans le domaine des faits ce qui est resté jusqu’ici dans le domaine du droit.

Nomination d’un haut commissaire de surveillance pour l’application des réformes ; il aura un adjoint qui sera musulman si le haut commissaire est chrétien, et inversement.

Institution à Constantinople d’une commission permanente de contrôle composée d’un président et de six membres dont trois chrétiens et trois musulmans. Les membres de cette commission pourront se transporter dans les provinces pour y faire des inspections.

Dans les vilayets autres que les six vilayets de la Grande Arménie, s’il y a un nombre important d’Arméniens, un adjoint devra être donné au vali ; il sera chrétien si le vali est musulman et inversement. Il présentera au vali les doléances des minorités et il aura le droit de correspondre directement avec la commission de contrôle. Cet article s’appliquerait à la Petite Arménie (vilayet d’Adana).

Mesures pour empêcher les Kurdes de molester les Arméniens. Ces mesures ne peuvent guère consister qu’en une réorganisation de la gendarmerie et en une justice impartiale : la pacification générale résulterait de l’application générale des réformes.

Ce programme, né des massacres de 1894-1896, fut oublié dès que la clameur des victimes cessa de troubler la sérénité des chancelleries ; mais, en Macédoine, de 1902 à 1908, des réformes qui s’inspiraient du même esprit ont été partiellement appliquées, et quoique entravées par les dissentimens des Puissances européennes, elles ont donné des résultats sérieux[1] jusqu’au moment où la révolution de 1908 est venue détruire l’œuvre des agens réformateurs sous prétexte de l’accomplir d’un seul coup et finalement provoquer la guerre de 1912 et la perte de la Macédoine.

La révolution, qui mit fin, en Macédoine, au régime des réformes en apportant aux populations chrétiennes les garanties d’une constitution et les promesses d’une égalité fraternelle des races et des religions, provoqua, en Arménie comme partout, une explosion de satisfaction et d’espérances. La fin du régime hamidien, le rétablissement de la constitution, appa-

  1. Voyez sur ce point notre ouvrage : l’Europe et l’Empire ottoman, chap. III à VII.