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Congrès de Limoges (1892), sous l’impulsion de l’anarchiste Pelloutier, les Bourses du travail se fédérèrent sous le nom de Fédération des Bourses. En même temps, les fédérations de métiers se groupèrent, d’abord sous le nom de Fédération des Syndicats et groupes ouvriers corporatifs de France, puis sous celui de Conseil ouvrier national, enfin sous celui de Confédération Générale du Travail.

Entre ces deux organisations, Fédération des Bourses et Confédération Générale, rapprochant les mêmes cellules syndicales, il y eut alors une période de conflit et de crise. On essaya divers replâtrages, notamment au Congrès de Toulouse de 1897. Mais en 1898, au Congrès de Rennes, le divorce fut consommé, bien que, dès lors, sous l’action des anarchistes, les deux organisations travaillassent l’une et l’autre pour la grève générale révolutionnaire. C'est seulement en 1902, sous l’influence directrice de M. Griffuelhes, adepte et continuateur de M. Pelloutier, que les sœurs ennemies, sentant le mal qu’elles se faisaient l’une à l’autre, décidèrent de se réconcilier et de sceller l’unité ouvrière.

La base de cette charte était la division de la C. G. T. en deux sections, — union des fédérations nationales ou régionales d’industrie ou de métiers et des syndicats isolés ; fédération des Bourses du travail. En 1904, l’unité fut encore renforcée par une décision du comité confédéral décidant que tout syndicat devrait être affilié à la fois à une Fédération et à une Bourse, c’est-à-dire à une union régionale ou nationale et à une union locale. La C. G. T., ainsi consolidée, se divise en deux sections (Fédérations et Bourses) répondant aux deux élémens qui la constituent. Elle a un secrétaire général, deux secrétaires et deux trésoriers payés chacun 300 francs par mois. Les désignations des secrétaires et des commissaires sont enregistrées au jour le jour par l'Humanité et la Bataille Syndicaliste.

La C. G. T. constitue des commissions, commission du journal la Voix du peuple, commission de la grève générale, commission de contrôle, commission des conflits, commission de la maison des fédérations, commission de la semaine anglaise et, depuis le 25 février dernier, commission contre la loi de trois ans. Elle compte, sur 900 000 syndiqués existant en France, 600 000 affiliés, dont 450 000 paient régulièrement leur cotisation. Le nombre des syndicats adhérens est de 2900 environ,