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gredin-là refusait de venir vous voir une fois par an, une seule petite fois, en cravate blanche, quand vous lui avez fait savoir que vous y tenez, que vous le voulez absolument ? Eh ! madame, c’est ce que je vous signifie de la part du bon Dieu dont je suis présentement l’huissier !

Ah dame ! là-dessus elle a fait couac ! Comme Polichinelle lorsqu’il reçoit le dernier coup de bâton du diable. Elle n’a pu reprendre les sens que pour répondre que, quand elle se serait confessée, elle viendrait me le dire. Je l’attends. Je n’y compte pas pour demain, mais elle a du plomb dans l’aile. C’est vraiment une bonne et aimable femme, et il faut convenir qu’en 1811 les mères de famille travaillaient bien.

J’ai vu le couple Lafontaine. Il est charmant, barbe comprise. On a parlé de vous, on a reparlé de vous, et l’on s’est plu. Adieu, très chère amie. Je pense qu’il est temps de finir. Encore une fois, pardonnez. J’espère rester convenable jusqu’au printemps prochain, et d’ici là ne plus recevoir la visite du serpent invisible. Faites mes amitiés autour de vous et comprenez bien tout le mérite que vous aurez désormais à m’aimer, puisque vous me connaissez un défaut de plus. J’en ai beaucoup d’autres, mais ils sont moins muets.

Je m’aperçois des dimensions de mon paquet ! Je vous donne huit jours pour le lire.


Probablement, 25 mai 1873.

Très chère amie, vous tenez le portrait que vous m’avez demandé et la lettre explicative des causes du retard. Je ne m’attendais pas au retour, et encore moins à être presque devancé par le retour. Entre nous le fil électrique est solide. A l’heure qu’il est, vous seriez occupée de quelque couture pour me faire plaisir que rien ne me surprendrait moins. Hier, vous receviez ma lettre ; hier, je recevais la vôtre ; demain, vous aurez une lettre de moi ; demain, ou pas bien longtemps après, j’aurai une lettre de vous. Je répète que c’est gentil, et j’aime à voir le gouvernement se précipiter pour porter les lettres du même à la même et de la même au même.

Après cela, sœur Léontine, je vous avouerai sans fard que c’est très beau un portrait d’A. F., mais c’est très ef*rayant. Qu’est-ce que l’on fait dans les cours, lorsque l’on reçoit une pareille avalanche de satin, de sa part ? A-t-on le droit de remercier ?