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LETTRES DE LOUIS VEUILLOT
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MADAME LEONTINE FAY-VOLNYS

Aux premières pages de la vie de son frère, alors qu’il dépeint l’existence de Louis Veuillot, petit clerc de dix-sept ans chez Me Fortuné Delavigne, Eugène Veuillot raconte ce détail : « Rendre compte d’un vaudeville où jouerait Léontine Fay, et plus tard écrire une pièce où il lui donnerait un rôle, voilà ce qu’il rêvait alors tout particulièrement. Cette Léontine Fay était une jeune et charmante actrice très en vogue ; elle excellait dans le vaudeville sentimental, mêlé de larmes et de rires et avait un juste renom de vertu. La jeunesse lettrée de 1830, et par conséquent les clercs de Me Fortuné, faisaient profession de l’admirer tendrement. Louis se gardait de manquer à la règle... Il ne parla, d’ailleurs, à Léontine Fay que quarante ans plus tard. La jeune actrice, qui, d’assez bonne heure, avait quitté le théâtre et rempli l’emploi de lectrice près d’une impératrice ou grande-duchesse de Russie, était devenue grand’mère, solide chrétienne et vraie dame de charité. Nous la retrouverons en 1872. »

A la fin de 1872, en effet, Louis Veuillot, déjà frappé des premières atteintes du mal qui devait lentement l’affaiblir, alla passer à Nice une partie de l’hiver. C’est là que Léontine Fay, devenue Mme Volnys et âgée de plus de soixante ans, vivait dans la pratique des bonnes œuvres et dans la sereine acceptation de la souffrance. Elle n’avait rien perdu, toutefois, ni de son esprit alerte et charmant, ni de sa sensibilité très fine.

Par quel intermédiaire et dans quelles conditions Louis Veuillot la revit-il, je l’ignore. Elle lui fut peut-être signalée par un membre du clergé de Nice, auprès duquel l’ancienne actrice était en vénération.