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VISIONS MYSTIQUES
DANS
L’ANGLETERRE DU MOYEN AGE[1]


I

Il y avait jadis trois recluses pour lesquelles un religieux écrivit un livre. Cela se passait au XIIIe siècle, en Angleterre, Personne ne sait plus le nom de ces recluses, mais le livre a subsisté de nos jours, il rencontre quelques lecteurs curieux, et il a la grâce naïve d’un miroir qui conserverait le reflet d’une époque disparue. Il s’appelle The Ancren Riwle et, même pour ceux qui sont familiarisés avec l’anglais moderne, ce titre a besoin d’une traduction : il signifie tout simplement la Règle des Recluses.

Un vieux livre qui revient au jour suscite naturellement des discussions ; les unes porteront sur l’auteur, les autres sur les destinataires de l’ouvrage ; d’autres encore sur la langue dans laquelle il fut composé. Celui-ci fut traduit en latin, mais l’original en est semi-saxon. Une première version voulait que cette œuvre fût destinée à des cisterciennes de Tarrant : cette version

  1. The Ancren Riwle edited by James Morton. (N° LVII des publications de la Camden Society. Londres, 1853. — Préface du P. Dalgairns à l’édition de Walter Hilton, The scale or ladder of perfection (Westminster, Art and Book Company, 1908). — Revelations of divine love, recorded by Julian, ancboress at Norwich, anno Domini 1373, édit. Grâce Warrack. (Londres, Methuen, 1901.) — Julienne de Norwich, Révélations de l’amour de Dieu, traduites par un bénédictin de Farnborough. Paris, Oudin. — William Ralph Inge, Studies of English mystics : St Margaret’s lectures (Londres, Murray, 1907). — Léonce de Grandmaison, L’Élément mystique dans la religion (Recherches de Science religieuse, 1910).