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générale, comme un fil conducteur, nous mène à travers le dédale des faits ; et la physiologie générale, c’est partout et toujours la relation entre les mécanismes vivans et la nécessité vitale.

Car il y a une nécessité vitale. Il faut que l’être vive, grandisse, se reproduise et meure. Tous les plus délicats agencemens de nos organes aboutissent à assurer une vie plus robuste. Aussi ne se trouverait-il pas de physiologiste prétendant qu’il y a des appareils funestes, et des mécanismes pernicieux. Quand nous les jugeons pernicieux, c’est sans doute que nous n’avons pas bien su regarder, et qu’une partie de la vérité nous échappe. Regardons encore ; interrogeons encore la Nature. Nous sommes presque assurés de trouver partout et toujours une réponse positive.

Non seulement il n’est pas d’appareils nuisibles, mais probablement il n’en est pas d’inutiles. Il y a une trentaine d’années, on ignorait le rôle de certaines glandes, la thyroïde, les surrénales, l’hypophyse. On a été bien inspiré en ne les considérant pas comme inutiles ; car on a fini, à force de labeur et d’ingéniosité, par leur trouver un rôle bien défini. Un animal meurt quand on lui enlève l’hypophyse, ou la thyroïde, ou les surrénales. Ces glandes, que jadis, dans leur ignorance, les physiologistes regardaient comme superflues, sont en réalité nécessaires à la vie. Et en effet vraisemblablement toute disposition, dont aujourd’hui nous méconnaissons l’usage, sera quelque jour expliquée.

Nous sommes autorisés, dès que nous voyons une fonction apparaître, à affirmer qu’elle a son rôle dans la défense de l’être. Quand nous étudions un organe, par avance nous supposons que cet organe est utile. Et jusqu’à présent, sauf quelques rarissimes exceptions, probablement passagères, à tout organe la physiologie a pu attribuer une fonction précise. Quand on ne l’a pas trouvée encore, cette fonction, il faut la chercher ; et la recherche sera fructueuse.

Je prendrai une comparaison un peu triviale, mais qui exprimera parfaitement ma pensée. On trouve, à la dernière page de certains journaux illustrés, des problèmes de jeu d’échecs qui sont posés aux amateurs. Or les amateurs aussitôt en poursuivent la solution, et ils ne se découragent jamais ; car ils ont la certitude que le problème posé n’est pas insoluble.