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A plus forte raison quand le sang est encore vivant, circulant à l’état liquide dans les vaisseaux. Alors les germes bactériens peuvent être introduits, même en grande quantité, dans le sang, sans pouvoir y végéter, sans même déterminer d’accident. Les êtres vivans sont réfractaires aux actions bactériennes. Voilà la règle.

E. Metchnikoff a découvert par quel singulier mécanisme le sang détruit les microbes qu’on lui apporte ; les leucocytes, ces mêmes globules blancs, qui forcent le sang épanché à se coaguler, ont une autre fonction aussi importante au moins que la coagulation : ils se précipitent sur les microbes, comme un animal affamé se précipite sur une proie, les englobant et les digérant. C’est la phagocytose, phénomène commun à beaucoup de cellules, mais qui, chez les globules blancs, a le caractère très net d’une défense active et efficace de l’organisme. Cette défense s’exerce même quand les leucocytes sont à quelque distance des microbes offensifs ; car les substances chimiques microbiennes excitent l’irritabilité des leucocytes ; alors ceux-ci, arrivant au secours de l’être envahi, franchissent les obstacles, s’insinuent à travers les parois vasculaires qu’ils traversent (diapédèse) et essayent d’anéantir les ennemis par qui l’organisme est attaqué.


Tels sont les faits démontrés maintes et maintes fois, de toutes manières, par des expériences bien positives. Au dire de beaucoup de savans, on n’aurait pas le droit d’aller plus avant, et d’indiquer qu’il y a là une merveilleuse défense de l’organisme par les leucocytes du sang. Il serait donc permis de mentionner la phagocytose, la diapédèse, l’irritation des leucocytes par les corps microbiens ; mais il serait interdit d’ajouter que tout ce branle-bas déterminé par des infections microbiennes est un mécanisme sauveur.

Cependant, pour ma part, je ne craindrai pas de me compromettre et de prétendre qu’il y a là un système défensif prodigieusement savant, tout à fait bien adapté à l’attaque.

On objecte que, trop souvent, la défense est inefficace, et que ni la force bactéricide du sang, ni la puissance phagocytaire des leucocytes ne peuvent efficacement combattre certaines invasions microbiennes, fit assurément rien n’est plus exact. Il y a certains microbes pathogènes, c’est-à-dire « producteurs de