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toutes ces œuvres admirables et charmantes qui enchantent les âmes des civilisés.

Cet odieux moyen, la douleur, que la Nature a employé pour assurer la protection de l’être, est une des plus puissantes défenses de la vie, et on ne voit guère pourquoi on interdisait au physiologiste et au philosophe de le déclarer, sous prétexte qu’ils ne peuvent pas en donner la formelle démonstration expérimentale. ;

De fait, tout physiologiste qui veut approfondir la physiologie, est forcé de conclure qu’il y a une extraordinaire adaptation des appareils et des organes à un maximum et à un optimum de vie.


VI

Et ce n’est pas seulement en physiologie que se révèle cette perfection des mécanismes, c’est encore en pathologie.

On n’en prendra qu’un exemple : la résistance aux infections.

Nous sommes assiégés sans cesse et de toutes parts par des milliards de parasites qui cherchent à vivre aux dépens de nos tissus ; ce sont les microbes, dont le génie de Pasteur a découvert la prodigieuse puissance. Un organisme, dès que la vie a disparu de lui, devient aussitôt la proie des germes qui se mettent à le dévorer. Si la température extérieure est très élevée, quelques heures après la mort, la putréfaction s’est totalement emparée du cadavre.

Pour que le corps vivant puisse résister aux germes parasitaires contre lesquels le cadavre est désarmé, il faut donc des forces chimiques ou mécaniques énergiques, qui s’opposent à l’invasion.

Eh bien ! oui ! en effet, ces forces existent : toutes les humeurs organiques sont essentiellement bactéricides, parasiticides, antiseptiques. Non seulement le suc gastrique, par son acide et sa pepsine, les sucs intestinaux et pancréatiques par leur fermens, sont d’actifs destructeurs des microbes ingérés avec nos alimens ; mais le sang lui-même est capable de les dissoudre, de les désagréger et de les anéantir. Si l’on sème des microbes dans le sang, on les voit disparaître très vite, de sorte qu’au bout d’une heure ou deux, il n’en reste presque plus, même si le sang a été extrait de l’organisme.