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même temps la production calorique augmente. Les combustions glandulaires s’exagèrent, et le frisson survient, qui commande aux muscles, source principale de chaleur, des contractions convulsives, répétées, violentes, involontaires, impérieuses, qui forcent l’organisme à se réchauffer.

Si la température extérieure s’élève, des phénomènes inverses se produisent. Les vaisseaux de la peau se dilatent ; le sang afflue à la périphérie, et la radiation calorique augmente.

Que cette réfrigération soit insuffisante, et un nouveau mécanisme apparaît. Le seul procédé dont dispose un organisme vivant pour se refroidir, c’est d’évaporer de l’eau. Alors, par une action réflexe immédiate, la sueur perle à la surface de la peau, et l’évaporation de cette sueur produit du froid, un froid assez intense, pour qu’un homme puisse vivre longtemps à une température extérieure de 45°. — De même l’eau contenue dans un alcarazas se maintient à une température relativement basse ; car l’eau qui suinte à travers les pores du vase s’évapore à la surface, et produit constamment du froid. — Chez les animaux dont la peau, pourvue d’une fourrure épaisse, ne peut guère sécréter et évaporer de la sueur, c’est-à-dire chez les chiens, les lapins, les oiseaux, un nouveau mécanisme intervient, analogue en principe à la sudation ; c’est l’évaporation d’eau à la surface pulmonaire. La respiration devient alors extrêmement fréquente, haletante ; par la ventilation pulmonaire accrue, une plus grande quantité d’eau est évaporée et le sang se refroidit, malgré tout l’excès de la chaleur extérieure. Il suffit d’avoir vu en été des chiens, au soleil, tirer la langue, et respirer superficiellement avec une fréquence extrême, plus de deux cents fois par minute, pour se rendre compte de l’efficacité de cette polypnée thermique.

Tous ces mécanismes régulateurs sont si parfaitement adaptés, et le jeu en est si moelleux, si simple, que, dans les conditions ordinaires de la vie, c’est à peine si nous en avons conscience. Il suffit de réfléchir un moment pour être convaincu qu’un organisme qui maintient sa température constante à un dixième de degré près, malgré le repos ou l’exercice, malgré la neige ou le soleil, malgré le bain chaud ou la douche froide, est doué d’un bien merveilleux système de réglage.

Il est vrai que cet appareil est quelquefois en défaut, et que dans la fièvre, par exemple, il est gravement atteint. Mais