Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 16.djvu/820

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Leur activité et leur intelligence vont croissant ou décroissant en même temps que monte ou descend la colonne de mercure qui indique la température ambiante.

Mais ni l’homme ni aucun des homéothermes n’ont à subir cette servitude. Ils sont, dans une très large mesure, indépendants du milieu thermique ambiant.

Et alors, en vérité, il ne semble nullement imprudent de constater que l’indépendance vis-à-vis du milieu thermique extérieur est un progrès. Je me reprocherais même de ne pas oser, dans un cours de physiologie générale, mentionner ce grand perfectionnement : un être stable, qui durant toute sa vie, en dépit des étés et des hivers, au pôle ou à l’équateur, pense, réagit, se meut, en demeurant toujours le même, parce que ses muscles, ses nerfs, ses glandes, et son cerveau sont à température constante, et par conséquent fonctionnent dans des conditions identiques.

On osera même ajouter deux affirmations encore. D’abord c’est que, le plus souvent, les homéothermes, étant à une température supérieure à la température ambiante, ont des actions chimiques, et par conséquent psycho-physiologiques, plus intenses ; de sorte qu’ils vivent à la fois plus intensivement et plus régulièrement que les hétérothermes.

Et on dira ensuite que, dans la successive évolution des êtres, à travers les âges géologiques, les homéothermes sont venus après les hétérothermes, comme si, passant par une série de transformations graduelles, des êtres plus parfaits avaient fini par apparaître, dérivant d’êtres imparfaits.

Assurément en prononçant le mot de progrès, on dépasse quelque peu la constatation empirique des faits ; mais cette conclusion d’un progrès accompli s’impose, et on pardonnera à un professeur de physiologie d’avoir, au delà des limites d’une trop étroite physiologie, constamment enseigné qu’il y a, dans la série des êtres, progrès, perfectionnement, évolution vers un état physiologique plus actif et plus homogène.

Le mécanisme par lequel est assurée la régulation de la chaleur chez les homéothermes est tout à la fois d’une complication et d’une perfection extrêmes.

Si la température extérieure est basse, la radiation calorique diminue ; car les vaisseaux de la peau se rétrécissent, et en