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que quelques exceptions, sans doute plus apparentes que réelles, nous arrêtent.


Restons encore dans l’histoire physiologique du sang. Nous trouverons des mécanismes régulateurs qui maintiennent sa constitution chimique avec une précision extraordinaire. On sait que Claude Bernard, il y a plus d’un demi-siècle, a découvert que le sang contient du sucre, et que ce sucre lui est fourni par le foie. Le sang des animaux qui n’ont ingéré ni sucre, ni amidon contient du sucre, parce que le foie en déverse constamment dans le sang. Si la quantité de sucre ingéré est trop grande, il se fixe dans le foie ; si elle est insuffisante ou nulle, c’est alors le foie qui déverse du sucre dans le sang.

Alors, sans se préoccuper de savoir s’ils étaient ou non finalistes, les physiologistes ont voulu connaître quelle pouvait être l’utilité de cette glycémie (sucre dans le sang), autrement dit, quel est le rôle du sucre. M. Chauveau a fait sur ce point de très décisives expériences. Il a prouvé que le sucre du sang sert à la contraction musculaire. La force mécanique qui se dégage, quand le muscle se contracte, est d’origine chimique : c’est la combustion du sucre qui est dans le sang. Par conséquent, il y a un rôle, une utilité, une fin, à l’existence aussi bien du glycogène dans le foie que du sucre dans le sang.

Ainsi, dans ce cas spécial, comme dans tant d’autres cas, après avoir constaté un fait, on en cherche la raison d’être, la finalité, et on est amené à une découverte d’importance fondamentale. Si l’on s’était contenté de constater qu’il y a du sucre dans le sang, et de le doser sans chercher pourquoi il y a du sucre, on n’eût pas tait œuvre de physiologiste ; car notre principale tâche est, comme Galien l’avait si bien compris, de découvrir l’utilité des parties.

Et, bien entendu, il n’a pas suffi de savoir que le sucre sert à la combustion musculaire. On a voulu aller plus loin, toujours plus loin, savoir par quelles actions chimiques, d’ailleurs tout à fait inconnues encore, l’étincelle nerveuse qui, parcourant le nerf, atteint le muscle, vient brûler le glycose qui circule dans le sang. M. Chauveau a pu démontrer ce fait imprévu que la combustion du sucre dans le muscle ne fait pas varier beaucoup la quantité de sucre dans le sang, selon que le muscle est en repos ou qu’il se contracte. Le sang veineux qui revient du