Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 16.djvu/816

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

liquide, et se coagule. C’est là un phénomène très général, qu’il s’agisse du sang rouge des vertébrés, ou du sang incolore des invertébrés.

La coagulation du sang permet aux hémorrhagies de s’arrêter. Si le sang était incoagulable, comme il l’est en effet dans certains cas pathologiques (hémophilie), alors la moindre ouverture du plus petit vaisseau déterminerait l’issue de tout le sang contenu dans le corps. Aucune hémorrhagie ne pourrait plus s’arrêter. Le plus léger traumatisme aurait pour conséquence une mortelle effusion de sang.

Vraiment, ce ne sera pas dépasser les limites de la précision scientifique que de conclure à quelque utilité de la coagulation. Dire qu’une des propriétés du sang est de se coaguler, c’est énoncer un fait physiologique évident ; et ajouter que cette coagulation empêche d’être mortelle l’ouverture d’un vaisseau, c’est énoncer un fait physiologique qui n’est pas moins évident.

De fait, on ne s’est pas contenté de ces deux affirmations, et on a recherché comment et pourquoi le sang se coagule. On a vu que les globules blancs du sang, dès qu’ils rencontrent un corps quelconque autre que la paroi des vaisseaux où ils circulent, sont aussitôt irrités, et sécrètent une substance qui précipite la fibrine du sang, et par conséquent amène la coagulation. Donc, la constatation de l’utilité n’a nullement empêché d’approfondir le mécanisme naturel en lequel consiste la coagulation du sang.

Tel est l’état actuel de la question. Qu’un jour on vienne h démontrer que l’irritabilité des leucocytes pour des corps étrangers est due à un phénomène électrique, ou à une radiation physique, ou à quelque autre cause, il n’en restera pas moins toujours vrai que la coagulation du sang est utile à l’organisme. Ainsi tout professeur de physiologie aura le droit d’affirmer cette fonction protectrice en même temps qu’il recherchera les causes immédiates, naturelles, de la coagulation du sang.

Même il ne sera nullement troublé dans sa conviction si l’on vient à découvrir, contre toute vraisemblance d’ailleurs, certains vertébrés dont le sang ne serait pas coagulable, ou à démontrer qu’on peut pendant longtemps rendre incoagulable le sang, sans que cela entraine aucun inconvénient. Car dans les faits si complexes de la biologie, il n’est pas de loi absolue, et la coagulation du sang est un phénomène trop général pour