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— c’est-à-dire des forces physico-chimiques, — ce n’est aucunement nier une direction générale incluse dans ces mêmes forces.

Aussi, loin de voir une contradiction entre les forces naturelles et la finalité, y verrais-je un accord merveilleux, puisque le conflit des forces naturelles aboutit à faire apparaître des êtres très bien organisés. La critique de M. Leclerc du Sablon serait absolument justifiée, si le biologiste finaliste se contentait de constater l’utilité des appareils ou des fonctions, et, après l’avoir constatée, ne voulait pas condescendre à en rechercher les causes naturelles. Mais la plupart des savans dignes de ce nom, au lieu de remplacer la recherche des causes naturelles par la recherche des causes finales, essayent toujours de trouver des causes naturelles, aux mécanismes compliqués qu’ils étudient.

D’ailleurs, avant de discuter d’une manière plus approfondie l’étroite relation qui unit les causes naturelles et les causes finales, je voudrais exposer très brièvement divers phénomènes de physiologie qui vont nous prouver, avec une très grande force, quelle précision extraordinaire révèlent les mécanismes de nos appareils, et je me contenterai de quelques indications sommaires.


VI

Aujourd’hui, bien plus encore que du temps de Galien, la physiologie, c’est l’étude, et, si possible, l’explication des mécanismes étranges et variés par lesquels la vie s’entretient dans l’être, en dépit de tous les ennemis qui l’assiègent sans cesse.

Or, dans l’exposition de ces faits physiologiques, deux méthodes se présentent. Ou bien on se contentera d’indiquer les faits, tels qu’ils sont. Ou bien on ajoutera quelques mots pour établir que ces faits témoignent d’une adaptation protectrice. La première méthode est rigoureusement, — et même étroitement, — scientifique ; mais, pour ma part, je préfère la seconde méthode, et je vais prouver par quelques exemples que, sous peine de timidité puérile, il est tout à fait légitime de ne pas conclure à l’utilité.

Le sang qui coule dans les vaisseaux est liquide, et reste liquide tant qu’il est dans ces vaisseaux, artères, capillaires, veines. Mais, dès qu’il s’est épanché au dehors, il cesse d’être