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vie est précisément que tous les êtres aient appétit et soif de vie. S’ils avaient mollement et paresseusement répondu aux causes de destruction qui les assiègent, ils eussent depuis longtemps disparu. A peine même eussent-ils pu apparaître. La tendance à la vie était indispensable à la vie.

Faisons maintenant l’hypothèse inverse, à savoir que le jeu des grandes lois physico-chimiques, colossales, qui régissent l’univers, a eu cette conséquence que la vie est sortie d’elles, et ajoutons que cette conséquence est fortuite. Est-ce que notre extrême réserve serait justifiée ?

Quoi ! le professeur chargé d’enseigner à des jeunes gens les lois biologiques aurait le droit de dire : « Les cellules tendent à s’accroître, quand on leur fournit un aliment ; leur accroissement est rapide ; il est indéfini, tant qu’on leur donne un aliment suffisant. La conservation de l’espèce est assurée par la fécondité des êtres, et par la robustesse des germes. » Et il ne pourrait pas aller plus loin ! Et on lui refuserait le droit de formuler cette conclusion évidente : tout se passe comme si la Nature avait voulu la vie !

Si cette proposition, très modeste en somme, est admise, aussitôt tout s’éclaire. On voit nettement, sur la mince croûte terrestre qui nous héberge, se presser des formes changeantes, végétales ou animales, qui se succèdent rapidement, luttent les unes contre les autres, évoluent, se transforment, avides d’oxygène et de lumière, âpres à la curée, cherchant avidement a grandir, à se multiplier, à se propager au loin, à essaimer partout où leur descendance pourra trouver quelque nourriture.

En vérité, on ne peut rien comprendre à la biologie générale si l’on n’admet pas cette grande tendance à l’accroissement et à la vie.


V

L’étude des êtres vivans, au point de vue de la forme, (c’est-à-dire l’anatomie) et au point de vue de la fonction, (c’est-à-dire la physiologie), est plus féconde encore en enseignemens.

Tous les organes de tous les animaux sont par leur structure adaptés à leur fonction ; qu’il s’agisse des plus infimes ou des plus nobles êtres, des appareils les plus compliqués ou les plus simples.