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LES CAUSES FINALES EN BIOLOGIE


I

L’hypothèse d’une finalité présidant aux phénomènes de la vie a été si mai défendue par les savans qui l’ont adoptée, et si fortement combattue par les critiques qui l’ont niée, qu’il y a peut-être quelque imprudence à vouloir tenter de la ressusciter.

Je l’essayerai cependant. Il ne convient pas d’être timide et d’accepter des opinions toutes faites, fussent-elles acceptées par d’imposantes majorités. Et on a le droit d’être très hardi ; car, malgré les progrès des sciences, ce qu’elles nous ont donné n’est rien au prix de l’effrayante et universelle ignorance en laquelle nous sommes encore comme anéantis.

Ce redoutable problème des causes finales, je l’ai abordé déjà il y a plusieurs années. Alors, entre mon cher et illustre ami Sully Prudhomme et moi, s’est engagée, je ne dirai pas une discussion, mais une conversation, qui a précisé et éclairci certains points[1].

Depuis cette époque, relativement lointaine, j’ai eu, en tant que physiologiste, maintes occasions de réfléchir et de méditer sur la finalité des êtres. D’autre part, des observations nouvelles, des remarques profondes et judicieuses, ont été faites de divers côtés, de sorte qu’il ne, paraîtra pas inopportun de reprendre ce grand problème, si vaste, si profond, mystérieux, mais captivant par son mystère même[2].

  1. Le Problème des causes finales, par Sully Prudhomme et Charles Richet, 1 vol. in-12. Paris, Alcan, 1902.
  2. .M. Georges Bohn a publié récemment sur le déterminisme et la finalité un article intéressant. Revue des Idées, 15 avril 1913, p. 117-119.