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VIII

Le 7e corps d’armée (Abel Douay) établi à Vouziers, sur lequel l’armée pivotait, ayant sa droite et ses derrières découverts par l’envoi de Margueritte vers Oches, eut l’idée, nouvelle dans notre armée, de s’éclairer et de se renseigner sur l’ennemi. Il distribue sur son front les trois régimens de son corps d’armée ; le 7e de lanciers surveille sur la rive gauche de l’Aisne la route de Sainte-Menehould ; le 4e hussards est porté sur Grand-Pré ; le 4e lanciers au delà de la Croix-au-Bois vers Buzancy. La brigade Bordas (division Dumont) occupe Buzancy et Grand Pré, comme soutien de cette cavalerie.

Les reconnaissances des hussards, sur la route de Grand Pré à Varennes, les mettent aux prises avec les détachemens de la division saxonne jetée vers Grand Pré, Betheniville, afin de se procurer la certitude matérielle de cette marche de l’armée de Mac Mahon vers Metz, à laquelle était subordonnée la conversion de l’armée allemande sur sa droite vers le Nord. Les cavaliers français se replient en hâte vers Grand Pré, dans la persuasion qu’ils se sont heurtés à l’armée prussienne tout entière. Bordas à son arrivée à Grand Pré, apercevant l’ennemi à Senne, ne doute pas des renseignemens des hussards ; il admet qu’il se trouve en présence de forces considérables ; il l’annonce à Douay, ajoutant qu’il est obligé de se retirer sur Buzancy. Douay prête l’oreille à ce cri de détresse, qui lui arrivait également de Buzancy et de Monthois, d’où les troupes se retiraient devant un escadron saxon, et un gros parti de uhlans. Il se croit cerné, en danger d’être enlevé ; il prend en toute hâte les dispositions suprêmes de combat ; il éloigne son grand convoi de vivres de la colonne des bagages, rappelle celui de la brigade Bordas, et comme elle s’attarde à Grand Pré, se croyant coupé, il lui envoie la 2e brigade de la division Dumont, afin de la ramener. Enfin, il avertit le maréchal à Tourteron de l’action imminente. Le maréchal, aussitôt l’avertissement reçu, arrête le mouvement en avant de l’armée, la concentre vers Vouziers, ordonne au 1er corps d’armée de se porter le 27 vers Vouziers, au 5e de marcher sur Buzancy ; au 12e, sur Châtillon et, se rapprochant lui-même, reporte son quartier général au Chêne Populeux. Pendant toute la nuit nos