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avait été conclu à Courcelles que de ce qui avait été conclu à Châlons, et que Palikao enverrait une nouvelle dépêche télégraphique à Mac Mahon pour peser de nouveau sur sa volonté[1]. Il lui disait :

« 22 août, 1 heure après-midi. — Le sentiment unanime du Conseil, en présence des nouvelles du maréchal Bazaine, est plus énergique que jamais. Les résolutions prises hier soir devraient être abandonnées ; ni décret, ni lettre, ni proclamation ne devraient être publiés ; — ne pas secourir Bazaine aurait à Paris les plus graves conséquences. — En présence de ce désastre, il faudrait craindre que la capitale ne se défendit pas. Votre dépêche à l’Impératrice nous donne la conviction que notre opinion est partagée. Nous attendons une réponse par télégraphe. »

Cette dépêche était à peine partie que Palikao en recevait une de Mac Mahon de 10 h. 4.d du matin, qui s’était croisée avec la sienne. Elle disait : « Le maréchal Bazaine a écrit le 19 qu’il comptait toujours opérer son mouvement de retraite par Montmédy. Par suite, je vais prendre mes dispositions pour me porter sur l’Aisne. « L’Empereur répondait dans le même sens, à son tour, à la sommation de Palikao : « Reçu votre dépêche, nous partons demain pour Montmédy. » (4 heures.)

Ainsi, avant même que la pression exercée se fût opérée, Mac Mahon renonçait à son idée si arrêtée de revenir sur Paris ! Il s’engageait dans une direction opposée, il tournait le dos à la capitale et allait vers Metz !

Un revirement aussi rapide et aussi complet demande à être expliqué.


III

Le maréchal, dans la matinée du 22 août, conformément aux résolutions qu’il avait imposées, avait donné l’ordre de diriger l’armée sur Paris, par différentes routes, lorsque Pietri lui apporta à dix heures et demie une dépêche de Bazaine, reçue par l’Empereur à 9 h. 25, qui disait :

« 19 août. — L’armée s’est battue hier toute la journée sur les positions de Saint-Privat et de Rozérieulles et les a conservées.

  1. Expression de Palikao, déposition au procès Bazaine.