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LA GUERRE DE 1870[1]

LES TOURMENS DE MAC MAHON


I

La Régence avait contraint l’Empereur à approuver la marche de Mac Mahon vers Bazaine. Mac Mahon étant, depuis le 17 août, le seul arbitre des opérations militaires, c’était avec lui qu’on devait parlementer et sur sa volonté qu’il fallait peser. Quoique dans sa déposition, loyale, mais pleine de vague, d’inexactitude et de lacunes de mémoire, il ait contesté le fait, il est certain que, le 17 août, il était d’avis du mouvement vers Paris par les places du Nord. Le prince Napoléon a confirmé sur ce point les allégations de Trochu. Maintenant que Palikao s’est formellement prononcé contre le retour à Paris par n’importe quelle route et pour la marche vers Bazaine, Mac Mahon va-t-il capituler et abandonner une opinion mûrement réfléchie pour adopter celle qu’il a repoussée ?

Il ne s’y résout qu’à moitié : il ne ramènera pas ses troupes vers Paris, mais il ne les dirigera pas vers Bazaine. Il essaye de calmer les importunités de Palikao par un télégramme d’espérances dilatoires : « Veuillez dire au Conseil des ministres qu’il peut compter sur moi et que je ferai tout pour rejoindre Bazaine. » Et cependant il ne s’ébranle pas et il demeure au camp de Châlons où il attend des nouvelles. N’en recevant aucune, il se demande quelle route prendre. La route centrale

  1. Voyez la Revue des 15 juin, 1er et 15 juillet, 1er août.