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le service triennal. Sans doute il n’avait pas dit, en termes formels, que la classe de 1910 ferait la totalité d’une troisième année, mais cela résultait de la permanence du danger auquel il s’agissait de faire face et auquel on n’avait pas encore imaginé un autre moyen de pourvoir. Dans ce système, nous aurions eu, dès le mois d’octobre prochain, une classe ayant fait deux années et sur le point d’en faire une troisième, une autre classe ayant fait une année et sur le point d’en faire une seconde, et une dernière classe qui n’aurait fait encore aucun service, mais qui aurait trouvé, dans les deux premières, de grandes ressources pour son instruction. Si on ajoute à cela un nombre notable d’engagés volontaires, qui avaient cru, dans les circonstances présentes, avoir avantage à devancer l’appel, et avaient déjà un degré d’instruction propre à les rendre mobilisables, la situation était aussi rassurante qu’elle pouvait l’être, avec le nombre d’hommes dont notre faible natalité nous permet de disposer. Aussi étions-nous reconnaissans au gouvernement de l’initiative qu’il avait prise. Pourquoi n’y a-t-il pas persévéré ? Comment a-t-il admis des conceptions nouvelles ? Une explication s’est présentée. Les mutineries qui se sont produites dans les casernes et qui ont eu pour prétexte le maintien de la classe de 1910 ont été vigoureusement réprimées, mais n’éclateraient-elles pas de nouveau, avec un surcroît de violence, au mois de novembre prochain, c’est-à-dire au moment où la classe, devenue libérable, ne serait pas libérée ? On l’a craint et cette crainte a été exploitée par les adversaires de la loi : ils n’ont pas manqué d’annoncer le péril et de le grossir. Ce serait faire injure au gouvernement de dire que ses déterminations en ont été altérées ; sa volonté, dans tout le cours de ces épreuves, s’est montrée assez ferme pour qu’on n’ait pas le droit de la mettre ici en doute ; mais enfin les embarras du présent, joints à ceux qu’il prévoyait dans l’avenir, ont pu le disposer à envisager avec plus de complaisance certaines solutions qu’il aurait mieux valu éliminer ou ajourner. On a proposé, — ce n’est pas le gouvernement qui l’a fait, mais la proposition a trouvé tout de suite chez lui des dispositions favorables, — on a proposé d’incorporer, désormais, la classe à 20 ans au lieu de !21. Cela n’arrangerait-il pas tout ? Le but étant, en effet, d’avoir trois classes sous les drapeaux, au lieu de deux, ne les aurait-on pas au mois de novembre si, tout en libérant la classe de 1910, on en prenait deux à la fois, une de 21 ans et l’autre de 20 ? Le problème serait résolu avec élégance et sans douleur pour personne. Nous ne disons pas que le gouvernement ait fait ce raisonnement dans toute sa