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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La loi militaire a été votée dans son ensemble, par la Chambre des députés, le 18 juillet. La discussion a été longue et passionnée. Sans cesse sur la brèche, M. le président du Conseil a repoussé avec vigueur, avec chaleur, avec une présence d’esprit qui n’a jamais été prise au dépourvu, les assauts de l’extrême gauche socialiste et radicale, conduite ouvertement par M. Jaurès et, plus à couvert, par M. Caillaux. Du côté du gouvernement, il a été l’âme du débat et on ne sait trop, en vérité, quel aurait été, sans lui, le résultat final. Sans doute la loi n’est pas parfaite, il s’en faut même de beaucoup ! Elle a été victime, en cours de route, de déformations déplorables ; mais enfin, c’est la loi de trois ans. Notre seul regret, qui est d’ailleurs très vif, est qu’elle n’entrera en plein exercice qu’en 1916, c’est-à-dire à échéance encore lointaine, et Dieu sait tout ce qui peut se passer d’ici là ! Allons au fait avec franchise. Le projet de loi a été déposé en vue de pourvoir moins encore à l’avenir qu’au présent. Ce but a-t-il été atteint ? Notre force militaire sera-t-elle sensiblement supérieure, à la fin de l’année, à ce qu’elle est aujourd’hui ? A cette question précise, il est impossible de faire une réponse affirmative, puisque, au mois de novembre prochain, nous n’aurons sous les drapeaux qu’une seule classe qui aura fait une seule année de service, et deux autres, — dont l’une sera composée de jeunes gens de 20 ans, — qui n’en auront pas fait du tout. Et ce n’est pas ce que nous avions espéré.

Lorsque le gouvernement a annoncé l’intention de maintenir sous les drapeaux, à la fin d’octobre, la classe de 1910, qui était libérable à ce moment, tout le monde a compris qu’il s’agissait de faire faire à cette classe toute une troisième année de service. Presque en même temps d’ailleurs, le gouvernement déposait le projet de loi qui établissait