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très économique, parce que la température de la source lumineuse est encore plus élevée que celle des lampes à filamens métalliques et que, en vertu même des considérations que nous venons d’exposer, le rendement en est meilleur. La température du cratère positif de l’arc électrique est en effet supérieure à 3 700° degrés. Elle est la plus élevée de celles que l’homme a pu réaliser artificiellement. Les lampes ordinaires à arc continu et à air libre, qu’on voit encore dans un grand nombre des rues de Paris où elles semblent avec leurs globes opalins et bleuâtres des milliers de lunes immobiles, ont un rendement considérable, puisqu’elles consomment moins d’un watt par bougie. Leur lumière est des plus agréables à cause également de leur température élevée. Les corps incandescens émettent en effet une lumière dont la composition se modifie beaucoup avec leur température ; lorsque celle-ci est basse, ils émettent une très grande proportion de rayons rouges, et beaucoup moins de rayons bleus et violets ; la lumière résultante est rougeâtre ; à mesure que la température s’élève, la proportion des rayons de faible longueur d’onde augmente. Et c’est pourquoi la lampe à filament carboné paraît rougeâtre à côté du filament métallique qui donne lui-même une lumière moins blanche que l’arc électrique. De toutes les sources lumineuses, et à cause précisément de sa haute température, la lampe à arc est celle qui émet la lumière la plus semblable à la lumière solaire, à laquelle notre œil est naturellement adapté ; aussi notre œil la trouve-t-il la plus agréable de toutes.

Malgré ces avantages, l’arc électrique ordinaire n’est point sans inconvéniens. Les charbons entre lesquels l’arc éclate s’usent très rapidement, ne durent jamais plus de quelques heures, et il faut donc les remplacer fréquemment.

Une des causes de l’usure des charbons est que ceux-ci sont volatilisés ou du moins désagrégés par leur haute température ; une autre cause beaucoup plus importante encore est que le charbon brûle peu à peu dans l’oxygène de l’air. Aussi a-t-on cherché à construire des lampes où l’arc se produit dans un vase hermétiquement clos et à l’abri de l’air. On a réussi ainsi à quintupler au moins la durée des charbons. Malheureusement, et on ne sait trop pourquoi, le rendement lumineux de ces nouvelles lampes s’est trouvé très inférieur à celui des anciennes ; en outre, les gaz engendrés dans la combustion lente des charbons se condensaient sur les parois du vase et l’opacifiaient de telle sorte qu’il fallait au bout de quelques dizaines d’heures procéder à un nettoyage de l’appareil. Pour ces motifs, les lampes à arc en vase clos n’ont pas justifié les espérances qu’on avait fondées sur elles.