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spiritueux, vente surveillée des armes de guerre, police de la chasse, du déboisement, etc. Aux Anglais, qui accusent un si juste souci de ces conventions prévoyantes, il ne sera pas vain de montrer le transafricain un instrument de progrès civilisateur... Et nous ne verrions aucun inconvénient, pour notre part, à ce que, français, belge et anglais sur son tracé principal, ce chemin de fer acceptât, provoquât même des liaisons avec les voies africaines d’autres puissances, de l’Allemagne notamment, au départ du Cameroun ou de la côte orientale.

La diplomatie aura donc, elle aussi, son rôle à jouer pour l’établissement du transafricain et de ses complémens. Mais, si brillantes que soient ces perspectives, les promoteurs ne vont-ils pas, dès le début, se heurter à une impossibilité financière ? Certainement non, si l’accord se fait, comme on doit l’espérer, sur cette entreprise d’avenir national, entre l’opinion et les pouvoirs publics. La Société d’études, qui a mobilisé un capital d’études de 400 000 francs, est capable et désireuse de bien autres efforts ; elle se présentera donc avant longtemps avec l’apport de projets étudiés à ses frais et d’une mise de fonds pour la construction. Elle a confiance que ses capitaux seront rémunérés par le trafic, dès que la ligne sera complète ; il semble qu’une collaboration de l’Etat lui serait due pendant la période préliminaire d’attente, tout au moins ; personne n’estimerait somptuaire un crédit de quelques millions affecté à garantir les dépenses de construction et pouvant, au besoin, être récupéré ultérieurement par une participation de l’Etat aux bénéfices de l’exploitation, concédée à la Compagnie. Quelle que soit d’ailleurs la formule adoptée, nous souhaitons vivement que la solution soit prompte ; l’unité de l’Afrique Française est au prix du chemin de fer transafricain. C’est aujourd’hui, ce sera demain plus encore l’un des aspects de notre unité nationale : la génération réaliste qui monte ne permettra pas que la France passe, sans la saisir, à portée de cette occasion.


HENRI LORIN.