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programme de remonter la Saoura, depuis le point de départ du capitaine Nieger ; son exploration était escortée et facilitée par l’autorité militaire. Il y a là des passages difficiles, la vallée étant dominée à l’Est par une falaise crayeuse, et serrée à l’Ouest par des dunes ; on prévoit donc des travaux d’art notables, mais dont l’établissement solide n’est pas pour effrayer des ingénieurs qui se sont exercés sur le terrible parcours Berrouaghia-Boghar, dans le Tell algérien. Le tracé, touchant probablement à Béchar la voie étroite oranaise, s’engagera dans l’Atlas saharien en tournant au Nord le massif des Doui-Ménia, par Ain-Chair ; il débouchera sur les hauts plateaux à Fortassa. De là au seuil du Tell, pas de difficultés sérieuses. Quant à la percée du Tell, plusieurs passages ont été étudiés déjà, le long des vallées qui tombent de l’Ouarsenis. Ce sont des plans préparés depuis plusieurs années par le service des travaux publics du gouvernement général ; on estime que le transafricain pourrait joindre la ligne à voie large d’Alger à Oran dans la vallée du Chélif, soit près de Malakoff, dans le bas, par 105 mètres d’altitude, soit à Affreville, plus près d’Alger, aux environs de la cote 400.

Après relevés sur le terrain, les pièces sont présentement rassemblées à Alger, et le dossier soumis à un dépouillement critique. La fin des études de cette section du Nord précédera de peu la mise au net du tracé pour la section saharienne. Les conclusions seront donc très certainement arrêtées avant beaucoup de semaines et, très prochainement, la construction pourrait être commencée si, dans l’intervalle, la combinaison financière indispensable était réalisée. Que l’on ne s’étonne pas de la rapidité de ces enquêtes actuellement poursuivies ; elles n’ont d’autre objet que de coordonner et de préciser, en vue d’un travail défini, les documens recueillis depuis une dizaine d’années ; officiers et savans ont précédé dans le Sahara et dans l’Algérie du Sud la mission du transafricain ; rappelons, pour prendre un exemple plus concret, que, avant de diriger les recherches dernières sur le tracé de ce chemin de fer, le capitaine Nieger avait assuré, au Service géographique de l’armée, la publication d’une carte au cent millième des oasis sahariennes. Peut-être, sur les rapports des missions, des critiques s’élèveront-elles ; il n’en manque jamais, surtout à la veille des succès que les censeurs professionnels regrettent de n’avoir pas flairés ; le Métropolitain de Paris ne fut-il pas déclaré une fantastique utopie ?