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région ; le travail sera ainsi bien préparé pour une prochaine campagne ; la saison 1912 était trop avancée pour permettre l’envoi utile d’ingénieurs venant de France ; un itinéraire, dans ces savanes tropicales, ne saurait être jalonné d’abord qu’en saison sèche, on n’a plus ensuite qu’à le retoucher, en raison des corrections que suggérera l’étude en période de pluies. La section méditerranéenne, entre le littoral et les oasis, est dès maintenant l’objet d’études plus poussées. Ici, il importe d’écarter tout d’abord deux questions préalables : gardons-nous d’une part de confondre transafricain et franco-marocain ; évitons ensuite de raviver les rivalités algériennes, entre les cités côtières qui déjà convoitent le débouché du futur chemin de fer sur la Méditerranée.

Ainsi dégagée des complications adventices, la question est la suivante : un chemin de fer à voie large peut-il traverser toute la Berbérie, des oasis à la mer, et comment ? Lorsque les trains transafricains passeront sans rompre charge sur la voie large qui relie toutes nos grandes villes nord-africaines (et qui doit être, ajoutons-le en passant, celle des chemins de fer de l’Algérie à Fez et à l’Atlantique), le moment sera venu de trancher s’il vaut mieux les aiguiller sur Alger, sur Oran ou sur tout autre port. A l’heure présente, la voie étroite partie d’Oran arrive, à 700 kilomètres plus au Sud, jusqu’à Colomb-Béchar ; elle franchit successivement les montagnes du Tell, les hauts plateaux, puis l’Atlas saharien ; elle se termine sur le plateau triangulaire que découpent, la pointe au Sud, les oueds Zousfana et Guir, sources de la Saoura ; elle a rendu de grands services pour l’occupation des oasis, dont le chapelet s’échelonne sur 600 kilomètres jusqu’au Tidikelt ; elle facilite à nos troupes la surveillance des confins marocains, sur les hauts plateaux et vers les oasis du Tafilelt ; elle porte, de bout en bout, des trains assez rapides, au matériel plus moderne que sur beaucoup de lignes algériennes, mais on ne saurait la considérer comme la plate-forme possible d’un chemin de fer tout autrement conçu.

La Société d’études constitue donc aussi une mission spéciale, pour la fixation du tracé dans la portion méditerranéenne du transafricain. La direction en fut confiée à des techniciens éminens, qui ont travaillé longtemps en Algérie, MM. Guérin et Maitre-Devallon. Les travaux étaient divisés en trois sections ; du Tidikelt au revers Nord de l’Atlas Saharien, sur les hauts plateaux, enfin à travers le Tell. La mission eut pour