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Un collaborateur précieux fut le P. de Foucauld, vaillant officier d’Afrique, l’un des premiers découvreurs, naguère, du Maroc inconnu, aujourd’hui prêtre de la congrégation des Pères Blancs, hôte d’un modeste ermitage saharien, populaire parmi les Touaregs, dont il possède à fond le pays et parle couramment la langue. Enfin le chef des Hoggars lui-même, Moussa ag Amastane, loyalement rallié à la France, a sollicité comme un honneur la permission d’accompagner le capitaine Nieger, qu’il connaît de longue date, jusqu’aux rives soudaniennes du Sahara ; cette coopération politique est d’un excellent augure.

La mission avait pour instructions, d’abord, de rechercher un itinéraire unique entre le Sud des oasis et la pointe méridionale des montagnes du Hoggar ; les oasis occupant le fond d’une dépression, le tracé remontera par la vallée d’un oued, le Tassaret probablement, à travers les steppes à pâturages du Mouydir-Ahnet, puis, de la cote 700 mètres environ, il se poursuivra sur des glacis peu inclinés vers Silet, au Sud du Hoggar. Là, il se bifurque, et c’est à Silet que fut concertée la jonction avec le lieutenant Laibe ; de là une section, renforcée par le peloton de ce dernier officier, a gagné le Niger par les plateaux des Iforas, atteints déjà par les pluies atlantiques, sahéliens plutôt que sahariens ; l’autre visait, vers le Sud-Est, le gros puits d’In-Guazzam, puis les oasis méridionales de l’Aïr, autour d’Agadès ; elle obliqua alors vers l’Est, par le pays subsaharien de Zinder, afin de reconnaître les accès du Tchad et, s’embarquant à Kano dans les trains de la Nigeria anglaise, est rentrée en France par Lagos et le golfe de Guinée, en novembre 1912. Les missionnaires s’efforcèrent, non de réduire les distances, mais d’éviter les terrains difficiles et les travaux d’art ; ils ne s’asservirent pas aux pistes traditionnelles, entre des points d’eau connus ; leur objectif essentiel était de déterminer des profils convenables pour la circulation de trains lourds et rapides ; leurs levés de terrain sont complétés par des observations géologiques, météorologiques et, si possible, des analyses de l’eau rencontrée ; le transsaharien était une sorte de transposition sur rails des caravanes ; le transafricain sera tout autre chose, une entière nouveauté.

Entre Tchad et Congo, la Société d’études n’a pas encore organisé ses enquêtes ; mais elle est d’accord avec la Compagnie des Sultanats du Haut-Oubangui, dont plusieurs agens s’occupent en ce moment même à la reconnaissance d’une partie de cette