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1912. de Colomb-Béchar, terminus des chemins de fer algériens, le 27 janvier ; elle était à Adrar, dans le Sud des oasis, le 14 février, organisait là sa traversée du désert et partait au commencement de mars pour jalonner l’itinéraire dont le tracé est son objet particulier. Ses étapes principales furent Silet, en pays Hoggar (mai), Agadès dans l’Aïr (juin), Zinder, et enfin Nguigmi, sur le lac Tchad (septembre). Elle se composait d’un personnel éprouvé, aux ordres du capitaine Nieger, qui compte dix années de Sahara et qui a pris part, depuis 1902, à toutes les reconnaissances importantes entre Algérie et Soudan ; son maître fut le colonel Laperrine, dont le nom ne doit pas être oublié au moment où va tomber pour toujours l’obstacle du Sahara. Les lieutenans du capitaine Nieger étaient le capitaine Cortier, de l’infanterie coloniale, qui parcourt le désert, à la tête de pelotons méharistes, depuis 1906, M. Chudeau, normalien géologue, habitué depuis longtemps à préparer entre Alger et le Tchad ses livres de documentation précise et ses travaux de laboratoire, trois ingénieurs spécialisés dans des études de chemins de fer, enfin un adjudant chef d’escorte, vétéran des raids méharistes.

La mission a trouvé le concours le plus empressé auprès des autorités civiles et militaires de l’Algérie et des territoires du Sud ; les rivalités de bureaux, si faciles à envenimer, se sont heureusement assoupies devant l’évidence d’un intérêt supérieur à servir ; mais nous croyons savoir que les transports par chameaux, dans la zone des oasis sahariennes, ne furent pas assurés sans peine ; les bons animaux deviennent rares, comme si les indigènes se désintéressaient d’un élevage qui n’aura plus sa place dans le Sahara de demain ; or c’est là une erreur parce que le chemin de fer créera lui-même son réseau d’affluens qui seront des pistes caravanières ; les Sahariens verront sans doute la renaissance du chameau sortir un jour de ce qu’ils estimèrent d’abord une concurrence mortelle. En Afrique Occidentale, la mission Nieger fut suivie avec bienveillance ; les ordres avaient été donnés par le Gouvernement général pour qu’une petite colonne, conduite par le lieutenant Laibe, montât du moyen Niger à la rencontre des Algériens. La meilleure preuve de l’accord sincère intervenu est que le lieutenant Laibe, continuant à compter dans les cadres de l’Afrique Occidentale, était cependant détaché aux ordres du capitaine Nieger