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ils sont une minorité parmi les indigènes ; d’après le recensement de mai 1911, le Cap, Natal, l’Orange et le Transvaal possèdent ensemble 1 278 025 individus de race blanche sur un total de 5 958 499 habitans, soit à peine plus que le cinquième ; on observe, depuis le recensement de 1904, un progrès des blancs dans l’intérieur des terres, phénomène dont la concordance est remarquable avec l’essor des voies de communication.

Les noirs de l’Afrique australe sont, en moyenne, beaucoup plus avancés que ceux du Congo, voire du Soudan ; mais seuls les blancs, les Afrikanders tiennent les directions économiques et intellectuelles. Les Boers, acclimatés depuis plus longtemps que les Anglais, sont la race établie des agriculteurs et des pasteurs. Les Anglais demeurent des coloniaux, maîtres des organismes de la mise en valeur, entreprises minières, chemins de fer. Ce sont eux qui, suivant l’exemple de Cecil Rhodes, ont étendu les limites du domaine britannique vers le Nord, conquis les savanes du Matébélé, que leur disputaient de vigoureux guerriers indigènes et des lions, coupé le Mozambique portugais de l’Angola, qui relève aussi de Lisbonne (conflit anglo-portugais de 1891), franchi le Zambèze, atteint enfin la province minière du Katanga, qui fait partie du Congo belge. Ainsi leurs possessions sud-africaines s’étendent de 35°, latitude comparable à celle de notre Algérie, jusqu’au Sud du Tanganika, par 9° ; ils ont, symétriquement à nous dans l’hémisphère du Nord, des pays tempérés à vigne et troupeaux de moutons, des steppes, puis des pâturages du type soudanien, qui s’épaississent peu à peu en forêt, à mesure que l’on s’approche de l’équateur. Leur Soudan est la région des Barotsés et du lac Nyassa, ici favorisée par une altitude qui permet le séjour prolongé des Européens.

Dans cette Afrique australe, continent moins largement déployé que l’Afrique boréale, le désert figure en réduction, accolé aux côtes occidentales ; mais l’accès des districts les mieux dotés s’amorce fort loin d’Europe, aux ports du Sud et du Sud-Est africains ; du Cap, de Port-Élisabeth, de Durban, de Lourenço-Marquez, de Beira, partent les chemins de fer de pénétration. Tous, après des parcours plus ou moins compliqués, confluent dans la ligne méridienne qui, dès maintenant, unit la ville du Cap à Elisabethville, capitale du Katanga. Par mer, d’Angleterre à Capetown, en train sur les 3 500 kilomètres de voie en service, Elisabethville est à vingt-cinq jours au moins