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transports administratifs, détournés et prolongés, auxquels nous condamne l’actuelle insuffisance de nos communications.


Ces frais médiocres, qui eussent été ceux du transsaharien des anciens programmes, seront atténués ou du moins amortis très promptement, si les pouvoirs publics et l’opinion se rangent à un projet nouveau, qu’il nous reste maintenant à exposer, celui de « l’Union française pour la réalisation des chemins de fer transafricains. » Il ne s’agit plus cette fois de lier seulement l’Algérie au Soudan et au Congo, mais bien de faire du transsaharien français complet le tronçon d’une voie ferrée, coupant obliquement toute l’Afrique, de la Méditerranée au Cap de Bonne-Espérance. L’idée première de cette création hardie revient à M. André Berthelot, qui n’est pas un rêveur et que recommande un succès vaillamment acquis, celui du Métropolitain de Paris. Au Sud de l’Afrique, de même que sur les rivages de la Méditerranée, vit une société coloniale originaire de l’Europe ; elle s’est implantée parmi des races indigènes qu’elle domine ; sous sa direction, des valeurs longtemps ignorées sont maintenant exploitées ; la fortune publique, dans l’Afrique australe, monte sans cesse, mais c’est d’Europe qu’arrivent tous les capitaux éveilleurs d’énergies, c’est à l’Europe que sont destinés, pour la plus large part, les produits des mines et de l’agriculture sud-africaines ; une intercirculation de voyageurs et de marchandises est depuis longtemps établie, exclusivement desservie jusqu’ici par la voie de mer.

Cette société européenne se compose de deux élémens, anglais et hollandais ; elle sort à peine d’une crise de croissance qui faillit lui être mortelle. La guerre si rude du Transvaal, qui ensanglanta les premiers mois du XXe siècle, eut du moins l’avantage d’édifier les Anglais sur les qualités des Boers, leurs adversaires ; la réconciliation suivit de près les combats, car le vainqueur eut l’adresse d’adopter une législation accueillante aux vaincus ; l’Afrique australe, sept ans après la paix rétablie, était érigée en une fédération où tous les citoyens rivalisaient de loyalisme britannique ; tel ancien commandant des troupes boers, devenu ministre de l’Union sud-africaine, était fraternellement accueilli, à Londres, par la conférence interimpériale des « premiers » coloniaux. Ici sans doute, comme dans l’Afrique du Nord, les Européens ont jugé opportun de se rapprocher, car