simoun enterre les caravanes ; il a ses montagnes et ses vallées, les premières assez hautes pour condenser quelques pluies et abriter quelques cultures : de vastes plateaux cristallins, les tanesrouft, sont les parties les plus désolées, mais, proches de l’Algérie, les terrains crétacés du Mzab offrent un aspect aussi triste que ces « pénéplaines » du désert central. Au Sud, une zone « sahélienne, » est la transition entre Sahara et Soudan. On ne saurait la représenter comme riche, et la culture n’y est guère possible sans irrigation ; mais l’eau pour irriguer n’est pas rare, elle est peu profondément enfouie dans le sol et probablement, pour l’avenir de notre domaine, ces mines d’eau valent-elles mieux que des mines d’or. Nous connaissons assez le Sahara, aujourd’hui, pour affirmer que la traversée n’en est plus un exploit exceptionnel.
L’occupation du désert par la France est réglée sur la maigreur même de ce pays ; on n’y peut entretenir de garnisons fixes, mais seulement discipliner le nomadisme des Touaregs, assurer la police par ceux contre lesquels nous avons dû la faire au début, Nous surveillons le Sahara par des tournées de méharistes, dont les formations militaires, très souples, tendent à ordonner sous des directions françaises les déplacemens saisonniers des tribus. Cette appropriation sommaire du désert ferme au Nord du Soudan le cercle de protection que nous avons tendu en Afrique autour des races noires indigènes. Jadis, les caravanes transsahariennes conduisaient dans les ports du Nord des esclaves, bêtes de somme en même temps que marchandises ; les caravaniers, musulmans de Tripoli et du Sud marocain, en dernier lieu, étaient les correspondans de chefs négriers du Soudan méridional ; ils vendaient leurs noirs dans les sociétés musulmanes de. la Berbérie, et parfois, malgré les interdictions officielles, réussissaient à en faire passer jusqu’en Turquie. Ainsi les survivans des razzias soudanaises étaient décimés par les fatigues d’un interminable voyage transsaharien ; on ne s’étonnera pas de la vigueur des noirs rencontrés de nos jours dans les villes nord-africaines, si l’on pense qu’ils ont été trempés par une aussi effroyable sélection.
Dans l’espace de quelques années, le progrès européen en Afrique, — un progrès surtout français, — a condamné la chasse à l’homme et coupé toutes les routes du commerce des esclaves.