Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 16.djvu/661

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L’UNITÉ DE L’AFRIQUE FRANÇAISE
TRANSSAHARIEN ET TRANSAFRICAIN


I

L’Afrique Française, dès avant la fin du XIXe siècle, était tout autre chose qu’une poussière de possessions négligeables. Assortie de la Tunisie, l’Algérie affirmait l’emprise nationale sur les rives méridionales de la Méditerranée ; l’Afrique Occidentale avait, par plusieurs points, atteint le Niger et, du littoral congolais, nos explorateurs avaient pénétré jusqu’au lac Tchad. Il n’y avait là encore que trois tronçons ; l’idée d’en faire un organisme ne s’était ébauchée qu’en un petit nombre d’esprits. Comment nier toutefois que chacun de ces trois groupes ne fût déjà un élément notable de la puissance française ?

L’occupation de l’Algérie nous a mis en contact avec des populations qui nous étaient auparavant inconnues ; après quatre-vingts années de tâtonnemens, nous commençons à pénétrer leurs caractères, à discerner leur diversité. Comment nos premiers conquérans auraient-ils, autrement que par l’expérience, appris à ne plus confondre Arabes et Berbères, alors que les uns et les autres, si l’on n’y regarde pas de très près, semblent professer la même religion et parler la même langue ? Entrés dans Alger par la force des armes, vainqueurs des pirates barbaresques, nous avons rencontré devant nous ensuite des nomades de grande tente, excités par des prophètes musulmans, et nous avons, contre ces ennemis tout différons, continué la pratique de la manière forte ; nous n’y avons pas renoncé, plus tard, en présence des paysans, défenseurs passionnés du sol qu’ils exploitent, que sont les gens de la Kabylie et des oasis. Une ambiance