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qui découvre en tout temps et qui n’est que le sommet du plateau sous-marin assez étendu et dangereux pour la navigation sur lequel repose l’ile elle-même.

C’est de ce mouillage, à peu près abrité des vents régnans et de la grosse mer de la partie Ouest, qu’usaient les escadres françaises dans leur blocus des côtes allemandes en 1870.

b) A chacune des deux extrémités de l’ilot qui est orienté Nord-Ouest — Sud-Est, deux pièces longues de 21 ou 24 centimètres, isolées, enveloppées elles aussi d’un masque métallique assez épais et reposant par un point central sur un massif en béton, à demi enterré, qui contient les logemens, les magasins à munitions, le télégraphe, etc.

Ces quatre bouches à feu, disposées en somme comme les anciennes tourelles à barbette des vaisseaux, constituent une sorte de batterie de bombardement fractionnée et scindée en deux groupes qui encadrent la batterie de mortiers. Elles étaient destinées à tirer sur les ponts et les œuvres mortes non protégées des cuirassés d’il y a vingt ou trente ans.

c) A l’extrême pointe Sud, une batterie d’ancien type, armée de canons légers et n’ayant d’autre but que d’arrêter les torpilleurs ennemis ou d’empêcher une descente sur la petite plage de cailloux qui se greffe sur la falaise Sud-Est et où l’on a bâti le bourg de pêcheurs, puis de baigneurs, d’Helgoland.

Aujourd’hui, on estime que les quatre pièces tirant de plein fouet sont insuffisantes, sinon comme nombre, au moins comme calibre. Les mesures sont prises pour leur substituer des canons de 305 millimètres et il n’est pas douteux que la valeur tactique de la position n’en soit sensiblement accrue.

Faut-il pour cela croire Helgoland inattaquable ? Nullement. Et si ce point d’appui, ce « pivot de manœuvres » est susceptible de rendre des services aux escadres allemandes, leur secours, réciproquement, lui sera indispensable pour se maintenir au milieu des puissantes forces navales qui l’investiront et le battront de tous côtés. C’est que l’ilot n’est pas assez étendu pourque la convergence des feux de l’adversaire puisse lui être épargnée. Helgoland est ce que Napoléon appelait dédaigneusement un « nid à bombes. »


L’organisation de la défense des côtes de l’Empire allemand n’a jamais paru aux yeux avertis adéquate aux besoins que peut révéler une grande guerre maritime. Elle ne le sera pas beaucoup