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Peu d’années plus tard, on y voyait déjà des ouvrages de types nouveaux et fort intéressans, bien que leur armement parût déjà un peu faible. Tout cela est profondément remanié aujourd’hui et l’on entend bien que l’ilot, poste avancé si précieux de la défense maritime des estuaires allemands, soit capable de supporter avec succès un siège de la flotte anglaise.

Situé à peu de distance, en somme, des estuaires convergens de l’Eyder, de l’Elbe, de la Weser, de la Jade (23’ milles ou 46 kilomètres en moyenne), Helgoland présente des caractères géologiques et un aspect extérieur tout à fait différens de ceux de la frange littorale dont il forme le centre et des îles Frisonnes, dont le long chapelet l’entoure. On est surpris de découvrir, après tant de « watten « vaseux, de dunes de sable en ourlets ondulés ou de digues au profil invariablement horizontal, un bloc compact, solide, élevé, — 56 mètres au point culminant, — d’une belle argile rouge découpée en falaises, au pied desquelles font rage les flots gris jaunâtre du « Deutscher bucht. »

En principe, Helgoland est à la fois un poste de surveillance ou poste de veille, pourvu de tous les moyens à cet égard et que deux câbles relient à Cüxhaven et à Wangeroog de la Jade, et une station, un relais, un abri, un port de ravitaillement enfin, des flottilles de la mer du Nord.

La création de ce port a présenté quelques difficultés d’exécution, en raison des caractères hydrographiques assez défavorables de la partie Sud-Est, — la seule assez abritée — de l’ilot et de ses abords immédiats[1]. Quant à l’organisation de la défense, on l’avait comprise d’abord de la manière suivante :

a) Au centre du triangle très allongé (1 700 mètres sur 550) que forme l’îlot, une batterie de 6 gros mortiers de 28 centimètres, enterrée, fortement bétonnée et revêtue, les pièces enveloppées de masques métalliques complets à l’épreuve des éclats moyens de projectiles. Ces mortiers avaient particulièrement pour objet de battre le « mouillage des vaisseaux. » On désigne sous ce nom une rade foraine, de bonne tenue, qui s’étend sans limites précises à l’Est d’Helgoland et du « Sand insel, » banc

  1. L’îlot d’Helgoland actuel n’est qu’un faible débris d’une île plus étendue que mentionnent les anciens documens de la Frise et de Hambourg. Cette île, peu à peu mangée par la mer, car les falaises d’argile rouge s’effritent rapidement sous l’assaut des lames, occupait l’emplacement du plateau sous-marin dont il va cire question au sujet du « mouillage des vaisseaux. »