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qu’à Emden, depuis deux ou trois ans, on réunit des moyens militaires et maritimes considérables, il semble difficile de ne pas admettre que l’Etat-major allemand prévoit l’utilisation de la position Emden-Borkum comme base éventuelle d’une opération qui viserait la Noord-Holland, le Zuyderzée et Amsterdam. On ne peut guère douter que, dans le grand conflit maritime qui se prépare, les Pays-Bas, comme le Danemark, ne soient appelés à jouer, bon gré mal gré, un rôle de première importance. Il leur faudra choisir entre les deux belligérans ; heureux même, s’ils peuvent choisir, s’ils en ont le temps ! L’Allemagne fera tout pour arriver bonne première.

Pour en finir avec les particularités qui signalent Borkum à notre attention, disons que c’est de cette île que partent tous les câbles sous-marins allemands qui vont dans l’Ouest et desservent les États-Unis, l’Espagne et l’Angleterre.

On voit que, pour ne se placer qu’au point de vue purement défensif, il était intéressant d’éviter que Borkum tombât entre les mains de l’ennemi.


Que fait-on pour cela, ou que va-t-on faire à bref délai ? Deux batteries, dans le genre de celle de Wangeroog, comme organisation générale, l’une de gros calibre pour interdire l’entrée du Randzel-Gatt par l’Ems occidental, qui débouche dans la mer du Nord au Sud-Ouest de Borkum, l’autre de calibre plus réduit, peut-être seulement d’obusiers ou mortiers, pour empêcher le stationnement des vaisseaux dans la large fosse pro- fonde que forme, au Nord-Est de l’ile, l’Ems oriental, d’ailleurs encombré de bancs difficiles en amont et en aval de cette fosse.

Ces batteries auront leur habituel accompagnement de mines sous-marines, placées aux bons endroits (chenal de sécurité réservé, bien entendu, pour les bâtimens amis).

Peut-être enfin, le Randzel-Gatt lui-même sera-t-il battu directement, au coude qu’il fait à l’Ems-Hoord, par un ouvrage greffé sur la digue à l’Ouest de Pilsum. Mais il ne s’agirait là que d’arrêter des bâtimens légers.


C’est à la défense de l’ilot d’Helgoland que les ingénieurs allemands se sont tout particulièrement appliqués, dès l’époque (1890) de la cession consentie par l’Angleterre et qu’elle regrette amèrement aujourd’hui.