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à des cales, des bassins de radoub et d’énormes docks flottans.

En ce qui touche la défense de ce puissant organisme, disons tout de suite que, du côté de la terre ferme, elle est à peu près aussi sommaire que pour Kiel-Ellerbeck. Il semble que ce soit par grâce que les approches de Wilhelmshaven soient protégées au moyen de deux petits forts d’un faible relief et d’une organisation rudimentaire. Évidemment, on ne craint rien de ce côté-là.

Du côté de la mer, c’est autre chose, du moins maintenant, car, jusqu’à ces dernières années, les forts et batteries de Heppens, Gröden et Rüstersiel, outre qu’ils appartenaient à l’ancien type classique, avaient le capital défaut d’être beaucoup trop rapprochés du corps de place, ou, pour mieux dire, de l’arsenal. Or, à mesure que les ambitions de la flotte allemande grandissaient, en même temps que sa puissance, elle se trouvait conduite à considérer la Jade, non plus seulement comme un refuge, mais comme une base d’opérations de défensive active, très active même, contre la flotte anglaise. Pour que le point d’appui correspondît à ce concept nouveau de l’emploi des forces mobiles, il fallait que les mouvemens d’entrée et de sortie de celles-ci fussent en tout temps assurés et que, par exemple, après leur long défilé par la passe de Wangeroog ou par celle de Minsen, les 25 grandes unités des escadres trouvassent devant elles une zone libre de manœuvres où elles pussent prendre leur formation de combat, sans être serrées de trop près par l’adversaire.

On estima, non sans quelque raison, que de telles conditions avaient pour conséquence logique l’armement de l’ile même de Wangeroog. Cet armement doit s’achever cette année, le per- sonnel étant désigné déjà pour le service des ouvrages.

Quel est, cette fois, le type de batterie qui a prévalu ? Nous pouvons être à peu près certains que c’est celui de la batterie de Dühnen, de Cüxhaven, avec quelques retouches peut-être. Mais les bouches à feu sont-elles du calibre de 305 millimètres ou de celui de 355, comme d’aucuns le prétendent ?

Il semble difficile que des canons de 355, d’un usinage assez long et d’un prix très élevé, soient destinés à des batteries de côte, alors que les unités de combat les plus récemment mises en service n’en ont pas encore[1]. Ce n’est point l’habitude des

  1. On affirme toutefois que les cuirassés actuellement en chantiers ou en achèvement à flot, type « Prinz Regent Luitpoid, » sont armés de 10 canons de 353 millimètres.