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dommages aux bâtimens, atteints sur leurs ponts. A Friedrichsort, au contraire, on trouve, à l’altitude de 14 mètres environ, quelques pièces de 28 centimètres, mais du 28 court, de modèle ancien. C’est la batterie de rupture du goulet, assez médiocre, on le voit.

En somme, ce n’est pas sur la puissance de leur artillerie de côte que les Allemands pourraient raisonnablement compter, s’il s’agissait d’empêcher, — surtout au début des hostilités, — un « passage de vive force » entrepris brusquement et avec une vigoureuse ténacité par une escadre pourvue de tous les engins, de tous les moyens d’action nécessaires en une telle conjoncture. Mais ils ont leurs mines, — qui ne seraient pas toutes en état de fonctionner immédiatement, — ils ont leurs batteries de torpilles automobiles, qui trouveraient dans le goulet de Friedrichsort des circonstances favorables à leur mise en jeu, toujours un peu incertaine ; ils ont des flottilles de grands torpilleurs parfaitement entraînées, auxquelles s’adjoignent, depuis deux ou trois ans, des sous-marins dont les progrès rapides ne laissent pas d’inspirer à beaucoup de marins français des réflexions attristées[1]. Ils ont peut-être aussi, ils auraient surtout au moment des résolutions décisives le redoutable prestige que donnent aux victorieux et aux puissans l’ignorance des uns et la pusillanimité des autres.

Si, dans ces conditions, il ne paraît pas probable que les organismes de défense exclusivement maritime subissent à Kiel de bien sensibles modifications, il n’en sera peut-être pas de même des moyens de protection déjà créés du côté de la terre. Ces moyens sont, en effet, plus que modestes jusqu’ici. Ni la ville de Kiel, ni l’arsenal d’Ellerbeck n’ont d’enceinte fortifiée. Bien mieux, ils n’ont pas de forts détachés qui les couvrent à une certaine distance et puissent appuyer de leurs feux les opérations des troupes mobiles de la défense. Seuls les ouvrages du goulet sont, pour ainsi dire, paradossés au moyen de trois forts, Röbsdorf à l’Est, Pries et Holtenau à l’Ouest, qui empêcheraient qu’on ne les prit à revers.

  1. Le sous-marin U21, le plus récent, a 800 tonnes de déplacement. Il est cuirassé sur les œuvres mortes de la navigation en surface ; 2, moteurs Diesel (à combustion interne), chacun de 900 chevaux, lui donnent 17 nœuds en émersion et ses accumulateurs, 12 nœuds en plongée. Outre ses torpilles, il possède 2 canons à tir rapide de 13 millimètres. C’est une unité qui soutient avantageusement la comparaison avec les nôtres.