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téléphones, signaux optiques et acoustiques, postes de surveillance côtiers, sémaphores, navires de reconnaissance et de garde, enfin aéronefs des divers types et en particulier les dirigeables, dont les Allemands sont fort engoués, on le sait, non sans raison peut-être.


Ce coup d’œil jeté sur l’organisation générale et sur les engins, nous pouvons examiner avec plus de fruit la situation particulière, — les caractéristiques stratégiques et tactiques, — sinon de tous les points défendus de la côte allemande, ce qui nous conduirait trop loin, du moins des principaux, tels que Danzig, Swinemünde, Kiel, Cüxhaven, Helgoland, Wilhelmshaven et Borkum.

Nous dirons quelques mots de ce qu’on y a fait déjà et nous chercherons à discerner ce qu’on y veut faire encore.


Voyons donc Danzig, tout d’abord.

Pour des raisons de haute politique autant que pour des motifs d’ordre purement militaire, l’Empire allemand attache une importance considérable à la possession de cette ancienne ville libre hanséatique, encore aux deux tiers slave et dont l’esprit particulariste lui a toujours donné des inquiétudes. Danzig est d’ailleurs le port polonais par excellence, le débouché de toutes les productions du grand bassin de la Vistule, enfin le plus ancien des arsenaux maritimes du royaume de Prusse. Ajoutons qu’à côté de cet arsenal, où l’on construit maintenant, — non sans quelques risques d’échouage lorsqu’elles quittent leur cale, — des unités de combat de premier rang, la grande maison Schichau, d’Elbing, a établi depuis quelques années son principal chantier. Tout cela fait un très gros et puissant organisme, auquel on voudrait bien pouvoir assurer complète protection. Malheureusement, à l’encontre des autres grands ports allemands, de guerre ou de commerce, Danzig, sans être précisément en bordure sur la mer, comme notre Cherbourg, est trop rapproché du rivage de son beau golfe pour que la défense en soit facile contre l’ennemi flottant, contre la formidable artillerie des cuirassés modernes.

Si l’on trace, en effet, sur une carte hydrographique la courbe des fonds de 10 mètres, on constate que, sur un secteur de 60° au moins, la distance de cette courbe au centre de la ville varie de 3 à 5 milles marins, ou de 5 500 à 9 000 mètres.