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de béton de ciment, recouvrant une ossature en maçonnerie.

Or, à l’exception de quelques-uns des ouvrages de Kiel, dont l’altitude, du reste, ne dépasse pas 39 mètres, toutes les batteries de côte allemandes sont des batteries basses, contre lesquelles l’armement des vaisseau v modernes, devenu si puissant et de mieux en mieux protège, se montrerait particulièrement efficace.

Pour racheter les deux désavantages essentiels d’une protection insuffisante et île l’immobilité, — disons mieux, de la passivité, — ces batteries ont-elles du moins la supériorité du calibre des bouches a feu sur les bâtimens dont elles peuvent, un jour, subir les attaques ? Nullement. Composé d’ordinaire de canons courts de 21, 24, 26 et 28 centimètres et de mortiers d’une médiocre puissance, l’armement allemand poussait, dans certains cas très rares, jusqu’au 28 centimètres long, probablement le même qui armait jusqu’en 1908 (type « Nassau ») les cuirassés de la flotte impériale.

Il est question maintenant de pièces de 305 millimètres (batterie de Döse on « le Dimhem à Cüxhaven), et même de pièces de 355 millimètres pour les ouvrages que l’on construit à Borkum. Bien qu’il v ; tit lieu de faire encore quelques réserves sur ces renseignemens, d’autant mieux que nos voisins de l’Est pratiquent avec persévérance, sinon avec succès, l’art de l’intimidation, on ne -saurait douter qu’ils aient la ferme intention d’élever peu à peu le calibre de leurs armemens de côte. Du moins ne semble-t-il pas qu’ils se proposent, revenant à la protection métallique, d’enfermer leurs canons-monstres dans des tourelles d’acier analogues à celles des grandes unités de combat.

Quant à l’organisation intérieure des batteries, elle semble satisfaisante. Bien avant nous, les Allemands ont eu des télémètres de batterie protégés par de petites coupoles métalliques dont les parois peuvent arrêter au moins les éclats d’obus. Bien avant nous aussi, ils ont pratiqué le pointage à la lunette. Toutefois, malgré des améliorations dans les organes de chargement et d’approvisionnement des bouches à feu de gros calibre, le tir n’en peut pas être considéré comme vraiment rapide.

Les Allemands ont-ils, pour les tirs de nuit, des projecteurs électriques méthodiquement installés et combinant leur action, feux chercheurs et feux de tir ? Il semble que non, du moins en ce qui touche le littoral de la mer du Nord où, à la vérité, on redoute peu les attaques de nuit, en raison des caractères hydrographiques