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où sont racontées par le comte de Montbel les péripéties de sa vie publique.

Elle avait commencé vers la fin de la Restauration, en 1827, lorsque, nommé député par les électeurs toulousains, il venait se fixer à Paris. Mais on aurait tort de croire qu’il y arrivait comme un provincial qui aurait tout ignoré de la capitale et y aurait été un inconnu. Il y avait déjà fait de fréquens séjours de 1823 à 1825. Son ami, M. de Villèle, l’avait introduit dans plusieurs salons aristocratiques ou littéraires et dans le monde officiel.

Par son éducation, par les traditions de sa famille et par ses convictions, il était avant tout un homme de Droite. C’est donc sur les bancs de la Droite qu’entré dans la Chambre, il alla siéger. Il s’y fit promptement des amis et, mieux encore que des amis, des admirateurs. Il avait cette éloquence imagée et chaleureuse qui semble être le privilège des races méridionales. Sa noblesse de caractère et la dignité de sa vie égalaient son talent d’orateur. Il ne tarda donc pas à occuper une place importante parmi les défenseurs de la Couronne et à exercer une assez grande influence sur les hommes de son parti en même temps qu’il gagnait l’estime de ses adversaires. Lamartine a dit de lui dans son Histoire de la Restauration : « C’était une parole honorée et agréable dans la Chambre où tous les partis rendaient hommage à son caractère. » Aussi n’était-il pas surprenant que les royalistes vissent en lui un futur ministre. Dans les milieux politiques, on était convaincu qu’il le serait un jour.

A l’en croire, il ne souhaitait pas de l’être. Le pouvoir ne l’attirait pas, et il croyait qu’en restant à la Chambre, il soutiendrait mieux la Monarchie qu’il ne le pourrait faire sur les bancs ministériels. Mais Charles X ne pensait pas de même, et, au mois d’août 1829, il proposa au comte de Montbel d’entrer dans le Cabinet que, par son ordre, cherchait à former le comte de Polignac. Montbel hésita d’abord à accepter cette offre. Mais, devant les instances dont il était l’objet, il consentit à recevoir le portefeuille de l’Instruction publique et des Cultes que d’ailleurs il ne conserva que durant quelques semaines, le Roi l’ayant d’abord prié de prendre celui de l’Intérieur, et, sur son refus, le lui ayant ordonné : « J’ai, pendant huit jours, refusé de passer à l’Intérieur. Le Roi m’envoya chercher et m’en donna l’ordre. J’ai obéi. » Ces propos nous ouvrent son âme et nous