Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 16.djvu/595

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ministériels ne s’opposent pas à la prise en considération de la proposition. Pour qu’elle soit remise par son auteur entre les mains du clerk chargé de recevoir les propositions de loi, il est nécessaire que lord Wolmer descende de son banc ; d’un pas ferme, il traverse le parquet de la Chambre et fait l’inclination que doit faire tout membre de la Chambre, passant devant le Speaker. Dans la façon dont il salue, on sent l’homme de bonne compagnie ; quoiqu’il soit très pâle, sa contenance est assurée. Je ne sais s’il a eu tort ou raison de faire cette motion, mais je ressens une certaine sympathie pour lui.

Les bancs de la Chambre étaient garnis au moment où l’incident s’est produit. Ils se vident peu à peu, bien que ce soit un projet de loi très important qui passe en discussion, et je constate qu’à Londres comme à Paris, l’incident l’emporte sur le principal, comme on dit en droit. Ce projet est celui sur le Plural Vote. On sait que, d’après la loi électorale anglaise, il y a un assez grand nombre d’électeurs, 500 000 en chiffres ronds qui ont le droit de voter dans plusieurs circonscriptions. Le projet en question consacre au contraire le nouveau principe du vote unique. One man, one vote. L’adoption de ce projet mettra tout le monde sur le même pied, le grand propriétaire, comme l’ouvrier des Trade Unions qui paye un modique loyer. Aussi le Labour party tient-il passionnément à l’adoption de ce projet qui est, avec le Home Rule et la séparation de l’Eglise et de l’Etat dans le pays de Galles (disestablishement of the Welsh Church), un des trois projets que M. Asquith, pour maintenir sa majorité composite, a dû promettre de faire voter par le Parlement actuel. Comme on estime qu’aux élections prochaines, il fera perdre environ 400 000 voix aux Unionistes, je m’attends à ce qu’il soit combattu par eux avec passion. Sans doute leurs bancs demeurent plus garnis que ceux des ministériels, mais, soit qu’ils demeurent persuadés à l’avance de l’inutilité de leur opposition, soit qu’ils n’attachent qu’une médiocre importance aux articles qui vont venir en discussion, les débats se poursuivent très mollement.

Le Speaker a quitté le fauteuil, placé sous un dais, sur lequel il est assis. Il est remplacé par le Chairman of Committies. La Chambre s’est en effet formée en comité, ce qui veut dire simplement que la Chambre, mais la Chambre tout entière, va discuter la loi article par article. La masse, qui était posée à